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Ça y est il a fait sa demande ! La place boursière NYSE-Euronext vient de demander la main de la place boursière londonienne spécialisée en trading de métaux le London Metal Exchange.Seulement cette romantique demande intervient seulement 2 semaines après le refus catégorique de la Commission européenne pour son projet de mariage avec l’allemand Deutsche Börse. Appliqué à une joli et tendre couple plein de promesses cette proposition appellerait immanquablement les pires insultes et accusations de goujateries (dans notre civilisation, car bon il paraîtrait que toutes les civilisations ne se valent pas etc..).
Oui mais voilà, les enjeux sont de taille. (pas comme…non rien.)
Petit rappel des faits
Lancé officiellement au 4ème trimestre 2011 et clôturé ce vendredi, l’appel d’offre pour l’achat du LME aurait donc reçu une proposition du NYSE-Euronext.
Avant toute chose Il faut reconnaître que, s’il est impossible de la comparer à la Deutsche Borse, la fiancée est jolie.
Née il y a 135 ans (oui, tout de même, mais elle est très bien conservée), elle domine très largement le marché des métaux précieux avec près de 80% des échanges mondiaux de contrats à terme sur ces matières premières. A priori tout pour s’entendre avec le LIFFE dudit NYSE-Euronext donc.
Mais la demoiselle est convoitée (on compterait selon les rumeurs environ 7 demandes potentielles de soupirants) et l’opérateur transatlantique, (qui n’est pas dans un très bon karma en ce moment, il faut bien le dire) se trouve opposé cette fois-ci, entre autres, au CME Group, géant américain des dérivés, ou à l'IntercontinentalExchange, opérateur américain également spécialiste des matières premières.
Le tout face à un conseil d’administration qu’on nous annonce encore partagé sur l’opportunité d’une vente… même si la valorisation proposée atteindrait semble-t-il le milliard de livres sterling (alors que le rachat par JP Morgan en novembre dernier de la participation de 4,9% du feu-MF Global valorisait le LME à 530 millions d'euro seulement) devrait, à priori, motiver les derniers réfractaires.
Mais au fait, pourquoi cette frénésie ?
Entamé au début des années 2000, et conforté par l’entrée en vigueur de la directive Marchés d'Instruments Financiers (MIF) en novembre 2007, le mouvement de concentration des opérateurs boursiers n’a cessé de s’accélérer ces dernières années. Pourquoi ? Tout simplement car le paysage s’est considérablement assombri du côté des bourses traditionnelles et que la concurrence que se livrent les acteurs est devenue plus féroce que jamais.
En effet, confrontés à l’essor des plateformes alternatives de négociation : les MTF (Multilateral Trade Facilities) dont le positionnement low-cost (coûts de structure réduits, technologies innovantes et tarifs agressifs) n’a pas tardé à séduire les investisseurs, les acteurs historiques ne recueillent plus aujourd’hui qu'une part minoritaire des flux d'ordres (quelques chiffres là). Dès lors, face à cette concurrence, souvent jugée déloyale au regard des différences qui demeurent quant aux obligations réglementaires, les bourses traditionnelles ont tenté de réagir. Par de lourds investissements informatiques d’abord, de façon à réduire elles aussi les “latences” de leurs plateformes de négociation, si déterminantes pour les traders haute fréquence (d’où la migration, en 2009, des serveurs informatiques installés en banlieue parisienne en direction de Londres). Et par une guerre des prix, rendue inévitable, qui nécessite cette centralisation des plateformes – ou du moins ses tentatives – au motif des synergies qu’elles permettent, induisant une réduction des coûts (dont 60% en moyenne concernent l’infrastructure informatique). A titre d’exemple, la fusion NYSE Euronext et Deutsche Börse AG avait pour ambition d’engendrer environ 300 millions d'euros de synergies de coûts, principalement issues d'économies d'échelle réalisées sur les technologies de l'information, les opérations de compensation, les opérations de marché et les fonctions de gestion.
Next step ?
Concernant le LME, la réponse devrait arriver vite puisqu’on attend du CA qu’il se prononce sur les offres reçues le 23 février. Et malgré les réticences déjà exprimées par certains actionnaires, (qui ne sont autres que les membres de l’institution londonienne) gageons que Goldman Sachs ou JP Morgan pour ne citer qu’eux, sauront convaincre leurs pairs de choisir la meilleure option pour contrer la concurrence de plus en plus accrue livrée par le marché chinois des métaux industriels (Shanghai Metal Exchange). Pour autant, quelle que soit cette décision, ce ne sera que le début d’un long processus.
Quant au secteur dans son ensemble, on peut sans trop de risque parier sur la poursuite de son mouvement de concentration, même si celui-ci devrait selon toute vraisemblance, s'orienter plutôt vers des fusions entre places de tailles moyennes ou des prises de position dans certaines plates-formes boursières de pays émergents, ceci afin d’éviter de répéter les derniers échecs (NYSE Euronext-Deutsche Börse, Bourses de Singapour et de Sydney, de Londres et de Toronto) en heurtant de nouveau les considérations politiques ou le principe de concurrence.
Solenn
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