L'or s'effondre de 5%: vous avez dit valeur refuge?


L'or en hausse de 14% depuis le début de l'année, dépêchez-vous avant qu'il ne soit trop tard. Vous avez sans doute lu quelque chose de ce genre là hier, ou en tout cas au cours des récentes semaines. Quand des sentiments comme la peur font surface, des individus, analystes, parfois économistes, vont déclarer qu'il faut acheter de l'or car l'or est "LA valeur refuge". Eh bien j'en ai plus qu'assez de lire ce type de commentaires, et j'en ai plus qu'assez que ma boulangère soit convaincue qu'acheter de l'or, c'est aussi sûr que d'acheter de l'immobilier. Et le summum reste quand même ces belles publicités "Or Postal & co" où on vous promet de racheter votre or au meilleur prix (c'est-à-dire le prix du marché divisé par deux). J'estime donc qu'une mise au point est nécessaire, et le moment est idéal: l'once d'or a chuté de 5.17%% en une seule séance, effaçant ainsi deux semaines de progression. Voici les raisons pour lesquelles l'or n'est aucunement une valeur refuge:

-L'or peut se négocier de différentes manières, et sur tous les continents. Négocier son or "physiquement" au lingot est tout sauf pratique, et puis il faudrait pour cela avoir des milliers de lingots supplémentaires, les quantités échangées sur les marchés dépassent largement les stocks d'or immédiatement disponibles. Ainsi, les outils les plus couramment utilisés sont: les futures (certains passent par l'intermédiaire du Forex via la "paire" XAU/USD). Or, qui utilise les futures? Des institutionnels, des traders, bref des professionnels. Quelle est la caractéristique des futures? A cela je vous réponds, le trading sur marge! Ainsi, il est possible d'utiliser un effet de levier qui peut atteindre 1:100, mais plus couramment 1:50. Si vous avez de quoi acheter 10 onces d'or sur votre compte, boom, vous pouvez négocier jusqu'à 500 onces. Aux cours actuels, vous pouvez donc passer de 17 000 $ à 850 000 $. Bien entendu, aucun profesionnel censé n'utilise la totalité de sa marge disponible, mais il est clair que l'or est avant tout un produit financier qui se négocie à coup de levier, ce qui rime avec volatilité et danger. Cet élément pourrait suffire à démontrer en quoi l'or n'est pas une valeur refuge, mais pour le plaisir, je continue.


-Traditionnellement, lors des phases de panique et de chutes des marchés, comme ce fut le cas à l'automne 2008, également à l'automne 2011, l'or n'échappe pas à la liquidation générale. Dans ces configurations, le prix des actifs chute et les institutionnels se doivent de trouver du cash pour répondre aux appels de marge (et les premiers qui liquident l'or entrainent la chute des prix de l'or ce qui cause par la suite des appels de marge à d'autres détenteurs d'or, et ainsi de suite), pour faire face aux demandes de retrait de leurs clients, ou simplement pour constituer une réserve de cash (cash is king baby). Lors de réelles paniques boursières, le prix de l'or est appelé à chuter, les véritables refuges étant le dollar US et les Treasuries, le seul actif qui reste vraiment liquide en toute occasion (le Franc suisse et le yen sont aussi censés profiter des phases de panique, mais l'interventionnisme de la SNB et de la BoJ limitent quelque peu cela). Quand les marchés s'effondrent, l'or tend à suivre la même direction, c'est la règle à l'exception du cas où le système tout entier s'effondrerait, dans ce cas là, faites un stock d'or, armes et nourriture.


-L'or se négocie dans la plupart des devises, mais la référence est le dollar US. Comme je l'indiquais précédemment, et jusqu'à preuve du contraire, le dollar est une valeur refuge, son appréciation cause donc l'affaiblissement de l'or de façon mécanique (j'évoque le cas de panique, je ne parle pas du cas général même si l'or est généralement négativement coréllé au dollar; notez l'utilisation de "généralement"). 


-L'erreur que beaucoup font est de croire que l'or est négativement coréllé aux actions, ce qui serait d'ailleurs logique. Mais on ne peut pas non plus dire que l'or est positivement correllée aux actions, cela dépend tout simplement de la période. 




-Enfin, vous l'avez nécessairement remarqué ces dernières années, et encore aujourd'hui, l'or dépend grandement des politiques monétaires. L'or ne rapporte rien, il coûte même un petit quelque chose selon que vous le stockiez au coffre ou que vous l'échangiez sur les marchés.Avec des taux qui tendent vers zéro dans l'ensemble des pays développés, il n'y a plus de réels cout d'opportunité: la rémunération des dépôts ne suffit pas à compenser l'inflation. Mais surtout, les banques centrales ont directement soutenu l'or en procédant à diverses mesures d'assouplissement, et la poursuite de lah ausse de l'or est conditionnée à cela. Le marché de l'or est donc suspendu aux lèvres de Ben Bernanke, s'il annonce une nouvelle phase de QE, vous pouvez être certain que l'or reprendra sa route vers les cieux, mais n'oubliez pas que SkyZeLimit tout de même. 
Lorsque les intervenants ont cru comprendre que Bernanke pourrait annoncer plus de QE le 25 janvier dernier, l'or s'est presque instantanément apprécié de 60$ en une demi-journée, avant de continuer sur sa lancée. Aujourd'hui, l'absence de signes de QE3 (et autre Opération Twist; il n'a sans doute rien dit pour éviter de causer une nouvelle envolée du prix du pétrole) a suffit a déclencher des ordres vendeurs et à causer la plus forte chute de l'or de l'année 2012 (et la plus forte chute en dollars à laquelle j'ai pu assister): -92 $ soit 5.17% !



En conclusion, si vous n'êtes pas un investisseur "sophistiqué" (je n'aime guère le terme mais soit...), passez votre chemin, l'or n'est peut-être pas une relique barbare (Dédicasse à John Maynard), mais il est barbare (je me comprends). Petite pensée pour tous les "gold bugs" qui ont perdu la vie aujourd'hui.

John Maynard Keynes


NB importante: L'or est supporté par de nombreux fondamentaux, notamment la forte demande issue des secteurs traditionnels de la bijouterie et de l'industrie, et surtout par la demande somme toute récente des banques centrales (alors que Suisse, UK et France bradaient leur or il n'y a de cela que quelques années) ainsi que la demande crée de toute pièce grâce aux ETFs dans les années 2000. Cet article n'a pas vocation à conseiller de vendre votre or (ni de shorter l'or qui n'est pas le votre), il a simplement pour but de montrer que l'or est un actif risqué et qu'il peut à tout moment se retourner à la baisse, sur une journée comme c'est le cas en ce 29 février, ou bien sur plusieurs années comme au début des années 80. Tant que la solution proposée par les banques centrales sera l'assouplissement quantitatif voire la planche à billets complètement assumée, l'or aura de beaux jours devant lui. Mais dès que les mesures à caractère provisoire prendront fin et que les taux remonteront, la partie sera finie. Ce n'est peut-être pas pour tout de suite, mais cela pourrait bien arriver plus tôt que l'on voudrait bien le croire. 



LTRO 2 : L'avis des Banques / The opinion of Banks

On vous en parlait dans le billet sur les solutions que la BCE a pour sauver la zone Euro ou encore dans le billet se nommant "LTRO2 : Les junkies a la recherche d'une dose de Cash" , la LTRO 2 arrive demain.



Mais qu'en pensent vraiment les Banques ? Je vous ai condensé ici tout ce qu'ils pensent de cette Seconde LTRO. Au début de chaque avis, vous retrouvez un lien vers l’intégralité des lettres d'information d'où sont extraites ces informations. (Au passage, merci à algo.robotrading.org ) Bonne lecture à tous !


BARCLAYS CAPITAL :  27/02/2012  GLOBAL MACRO DAILY

The second 3y ECB LTRO will take place on Wednesday, 29 February, with results published at about 10:20am Ldn time. Given the effect the first 3y LTRO (€489bn gross take-up) had on financial markets, this operation will be keenly watched. Overall though, we suspect its effect will be more limited. Market expectations have been varying wildly in the past months, but expectations seem to have settled at €350-550bn (the latest Reuters consensus was €470bn). We look for a gross take-up towards the lower end of that range (say, about €350bn, see  “The Feb 3y LTRO, eventually” Global Rates Weekly, February 24, 2012), but in our view, any outcome within that range is unlikely to have much of an effect on the market, past the knee-jerk initial reaction. A higher number might be slightly more positive for equity and bond markets, but very large moves like those since late December 
are unlikely in both. Similarly, it is very unlikely that the moves since then will be unwound due to the LTRO2. Indeed, the benefits of the LTRO1 on the liquidity conditions in the euro area (quantity and duration of the open market operations, see Figure 1) are highly likely to perdure, whatever the size of LTRO2. Similarly, we would not expect much more buying of short-dated government bonds (the related ECB January data will be released on Monday), 
which would push short peripheral markets to much lower yield levels.  



JP MORGAN : 24/02/2012  Global Fixed Income Markets Weekly


Probability of a disorderly default in Greece has fallen; reinitiate risk-on 
trades.  Going down the credit curve offers the best risk-adjusted carry, 
followed by front end peripheral sovereign paper, and then going up the 
German yield curve.  We expect take-up at the 3Y LTRO to be €350-
400bn and highlight the reasons why our estimate is lower than the 
market’s.  We analyse the Greek debt exchange offer and find that the 
fair value of the package is around €24; Greek GDP warrants are worth 
very little.  Greek bonds are currently trading close to fair except at the 
very front end where they are rich.



STANDARD CHARTERED : 27/02/2012  LTRO2 will not be a game-changer

Market expectations for this week’s 3Y long-term refinancing operation (LTRO) – the second by the European Central Bank (ECB) after ‘LTRO1’ on 21 December 2011 – have run high and acted as a major support for global risk appetite. In this regard, we think that market expectations for ‘LTRO2’ to be as powerful as ‘LTRO1’ in boosting risk appetite are likely to be sorely disappointed. Indeed, if we look across the risk spectrum at basis swaps, sovereign-debt spreads and the rally in EUR-USD itself, we would argue that any beneficial effect is largely – if not fully – priced in.   It should be remembered that LTRO1 happened when European – and global – markets were reflecting significant funding strains, typified by excess demand for offshore US dollars (USD). As such,  LTRO1 largely unblocked Europe’s funding problems, put a floor under the region’s banking system, reduced perceived tail risks, and obliged total-return investors to cut short-risk trades. There is no doubt that this was a game changer – much as was the case for QE1 by the Federal Reserve. To be sure, Fed QE2 has had an effect, but much of the impact in financial markets came before it was actually executed. Indeed, the USD reversed its pre-QE2 weakness and rallied sharply in the month immediately  after it was executed. Thereafter, it continued to put a floor under risk appetite in H1-2011 and USD became a popular funding currency for positions in risky assets. Despite the differences in the nature and relative size of the Fed and ECB operations, it seems reasonable to expect some ‘selling on the fact’ in the immediate aftermath of LTRO2, but for LTRO2 to put a floor under European risky assets on a sustained basis thereafter.


CREDIT SUISSE : 23/02/2012 Wider ECB collateral & LTROs

We estimate the gross uptake at the February 3-year LTRO to be in a range 
of €350-450bn. We discuss market implications for various outcomes. The 
ECB estimates that the extended collateral pool amounts to €200bn in 
additional liquidity – much lower than we expected.  Estimating the February LTRO. In this section, we outline the main sources of demand for the February 3-year LTRO (bank refinancing needs, deposit replacement, speculative demand, switching demand from MROs and ELAs into the LTRO).  Aggregating these different sources of demand, and adjusting for the reduction in the reserve ratio, we estimate for the February 3-year LTRO between €350bn and €450bn. This estimate is still on the conservative side – if for example, the Greek PSI program is delayed or is not as successful in this first round, market uncertainty could push banks to increase their demand in February as “insurance” against loss of market access.  


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GOLDMAN SACHS : Janvier/January 2012



The ECB continues to allow depositary institutions to set the size of its balance sheet. In December, it eased this policy along two key dimensions: the eligible collateral  that can be pledged to obtain liquidity (which now 
includes loans and riskier securities) and the maturity of repos (which have been extended from 1-yr to 3-yr, broadly matching the duration of bank liabilities). This should reduce systemic strains, and possibly help banks to roll over domestic government bonds  maturing over the course of the  coming year. Although sentiment towards Italy and Spain has already improved, we think there is still room for a further steepening of curves and lower spreads across the entire maturity spectrum in these two sovereign issuers. At the start of the month, we recommended long positions in 10-yr Italy vs. France, for a target of 250bp. A further and more sustained compression awaits further advances in the reform process in these countries and more progress at the Euro area policy level towards deeper fiscal integration. 


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BANK OF AMERICA : 24/02/2012 Spreading the Euro area risks

With its expanded liquidity operations due to the two 3-year LTROs, the ECB has substantially relieved financial market stress. Since the beginning of this year, interest rates on all maturities have fallen significantly, the interbank market has reopened and the spectre of bank failure has diminished. The 3-year ECB LTRO was referred to as a game-changer, representing a turnaround in the euro crisis, but we remain cautious because the fundamental problems plaguing the euro area have not disappeared. The 3-year LTRO has bought time and removed almost entirely the risk of a bank liquidity failure. However, it has not resolved the fragility of the Greek situation, eradicated the weakness in Italy and Spain, or addressed Portugal’s debt dynamic.


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LTRO2: Les Junkies à la recherche d'une dose de cash

Le 29 février approche enfin, nous y sommes presque. Après une première version le 21 décembre, voici le tant attendu "LTRO 2" (Long-Term Refinancing Operation 2) qui va à nouveau permettre aux banques d'emprunter à 1% sur 3 ans, une véritable aubaine. Lors de cette première opération à caractère "exceptionnel", 523 institutions avaient emprunté 489 milliards d'euros et le consensus table sur un chiffre relativement comparable pour le LTRO2, 500 milliards d'après Bloomberg.
Les usages de cette liquidité bienvenue peuvent être multiples et dans tous les cas très favorables aux institutions financières et à la périphérie de la zone euro, mais ils sont difficilement quantifiables puisque les banques ne sont pas très enclines à communiquer à ce sujet.


L'usage le plus évident est d'emprunter à 1% et de souscrire à des obligations espagnoles ou italiennes par exemple qui rémunèrent bien plus. Cette opération était particulièrement attractive en décembre avec, par exemple des taux italiens à 3 ans à près de 6%. En supposant que les banques n'aient pour seul coût le 1% à verser à la BCE (ce qui 'nest pas le cas bien évidemment), le profit pourrait être de 5% par an. L'effet d'annonce des deux LTRO (annoncés début décembre) est assez clair, cela a contribué à la détente des taux en particulier italiens et espagnols à tel point que le taux à 3 ans italien est aujourd'hui revenu sous 3.20%, un plus bas depuis avril 2011. Pour les obligations à 10 ans (toujours italiennes), les taux sont tombés sous les 5.40%, au plus bas depuis septembre, mais je préfère comparer des échéances identiques.
Taux italiens (10Y)
Ainsi, vous l'aurez compris, le potentiel de ce "carry-trade" est bien plus faible avec le LTRO2, sachant que les risques associés aux obligations de la périphérie européenne sont loin d'être nuls. Pour BNP Paribas (qui n'a pas déterminé si elle participera ou non au LTRO 2), il ne serait de toute façon pas question de souscrire à des obligations. Il n'est donc pas certain que les banques se tournent massivement vers le papier italien, espagnol, peut-être moins que la fois précédente. Une fois le LTRO2 passé, il est même possible que les taux cessent de se détendre, ce dernier étant déjà largement intégré "dans les cours".Les marchés se focaliseront certainement sur autre chose, la Fed et l'Irlande étant d'excellents candidats. Après tout, "buy the rumor, sell the fact", n'est-ce pas l'adage boursier le plus usité?


Le deuxième usage possible (et souhaité) est d'utiliser les fonds pour prêter à l'économie réelle. Et à ce sujet, le LTRO semble être un échec, les prêts accordés aux ménages et aux entreprises en zone euro étant en pleine stagnation. Mais je veux bien reconnaître qu'il faut des projets solides pour accorder des prêts, le simple fait d'avoir des liquidités n'est pas synonyme de prêt à n'importe qui, si les banques le faisaient on leur reprocherait d'être responsables d'une nouvelle bulle, il s'agit donc d'être cohérent. Essayez donc de prêter à un Espagnol de 25 ans au chômage, avec une Seat Ibiza flambant neuve et deux écrans LCD pour qu'il s'achète une résidence secondaire en Catalogne, bon courage. Mais vous pouvez être certain que des candidats utiliseront le fait que les fonds prêtés par la BCE ne vont pas directement voire pas du tout à l'économie réelle pour, une nouvelle fois, jouer la carte du populisme et attiser la haine envers les banques et leurs employés dans les prochaines semaines, c'est si facile.

L'autre usage principal consiste à utiliser les fonds empruntés auprès de la BCE pour faire face aux nombreuses échéances de l'année, les banques ayant d'importantes sommes à rembourser à leurs créanciers, en particulier les italiennes UniCredit & Intesa (déjà preneuses de 12 milliards chacune avec le premier LTRO), mais aussi RBS ou encore BNP Paribas. Cela a pour conséquence de donner un peu d'oxygène aux banques en mal de cash (périphérie) et/ou de les renforcer (core). Sauf, oui sauf si les banques qui ont recours au mécanisme sont stigmatisées, ce qu'a résumé Josef Ackermann le PDG de Deutsche Bank: "The fact that we have never taken any money from the government has made us, from a reputation point of view, so attractive with so many clients in the world that we would be very reluctant to give that up”. Mais rien ne l'oblige à dire ce qu'il fait réellement, ni à faire ce qu'il dit... Pour les institutions qui participent au LTRO car elles en ont besoin, il est probable que cela suscite de la méfiance des investisseurs (et plouf la bourse). Pour celles qui n'en ont pas besoin mais qui souhaitent profiter de l'aubaine (c'est par exemple le cas de HSBC), tout est bon, le tout est de pouvoir convaincre que la situation de la banque est bonne. Toujours est-il que la stigmatisation des établissements qui pourraient participer au LTRO2 peut être suffisante pour les inciter à ne pas y participer. Mais pas de conclusion hâtives, attendons plutôt le chiffre officiel de la BCE.  


En vérité, ce qui me semble le plus susceptible de soutenir davantage les marchés, l'euro et la périphérie, ce serait l'annonce du LTRO3. Le plus grand risque de ce mécanisme est en effet d'habituer les banques à obtenir du cash facilement, une forme d'addiction donc. Et le marché d'attendre le LTRO3 comme il attendrait le QE3, tel un junky à la recherche de sa dose dans les sombres ruelles de Detroit.


Conjoncture : La BCE peut-elle sauver l'euro ?


Aujourd'hui, seule la Banque centrale européenne dispose des moyens nécessaires pour mettre un terme à la crise de la dette en Europe. Encore faudrait-il que ses responsables acceptent de les utiliser...


Et commençons avec des chiffres, donnés par le Capital de ce mois de Février :

 - 55% de Chances que la BCE continue de refuser d'intervenir : " Les Allemands redoutent que le renforcement de l'action de la BCE provoque de l'inflation et incite les Etats à se montrer moins vertueux. Mario Draghi partage ce point de vue. Mais il pourrait changer d'avis si la crise s'aggrave. "

- 30% de Chances qu'elle élargisse ses aides aux Banques : " Elle leur a déjà prêté 490 milliards d'euros afin de les inciter à acheter des obligations européennes. Si ça ne suffit pas, elle pourrait ouvrir les vannes de ses crédits encore plus grand. "

 - 15% de Chances qu'elle prête aux Etats directement: " C'est la solution qu'appellent de plus en plus d'experts : en rachetant elle-même les obligations souveraines, la BCE stopperait une fois pour toutes la contagion. Mais elle n'envisagera probablement cette option qu'au pied du mur. "


Selon Gerard Thoris, enseignant à Sciences-Po, la BCE serait la seule institution à posséder la force de frappe nécessaire pour mettre fin à la contagion.

Notre cher Président, quant à lui, a appelé le vendredi 06 Janvier "toutes les institutions europeennes" à agir pour surmonter la crise de confiance qui ébranle la zone euro, visant ainsi, sans la nommer, la BCE.

De plus, les mécanismes déjà mis en place, comme le FESF et bientôt peut-etre le MES, sont insuffisants et trop limités.

Mais alors, quelles sont ces fameuses armes que possède la BCE et comment peut-elle nous sauver.


Sa Première arme : Son principal taux directeur, abaissé de 1.25 % a 1.00% le 8 decembre 2011. C'est "l'arme" la plus connue et la plus facile à mettre en place, celle qui est toujours utilisée en premier lieu pour relancer l’économie et la croissance.


Sa Seconde arme : Les crédits exceptionnels aux Banques. Les fameux LTRO, ces opérations de refinancement. Des prêts en général sur 6 ou 12 mois. Ce mécanisme est enclenché lorsque celles-ci ne se prêtent plus en elles, ou très peu, comme actuellement. J-C Trichet (ex-président de la BCE, maintenant au Conseil d’Administration d'EADS), avait lancé en août dernier ces prêts d'urgence aux banques. Mario Draghi (Actuel Président de la BCE et ex-Vice Président de Goldman Sachs Europe (de 2002 a 2005) a continué dans la lignée de son prédécesseur en accordant carrément des prêts sur 3 ans a 1%... pour des montants illimités. Sympa ! Le 21 décembre dernier, 523 Banques Européennes ont emprunté, sur 3 ans, quasiment 490 milliards d'euros ! Demain, le 29 Fevrier, cette même opération aura une nouvelle fois lieue, mais plusieurs Banques, voulant rassurer leurs actionnaires et les marchés, annoncent déjà qu'elles ne participeront pas à cette nouvelle opération, mettant en avant leur Core 1, au-dessus des 9%, conformément a Bale III, comme la fait dernièrement la BPCE au moment de l'annonce de leur résultats. D'autres banques, comme la Banque d'Affaires Allemande Commerzbank ont également refusé cette opération de refinancement.


Sa Troisième arme : Les comptes "au jour le jour", avec une rémunération de 0.25%, d'habitude très peu utilisés, sont aujourd'hui privilégiés par les Banques. L'argent des Banques est déposé pour la nuit, et les sommes recueillies battent des records, ont plutôt ont battues des records chaque nuit. En effet, si vous nous suivez sur Twitter, vous avez pu constater que chaque matin du mois de décembre, nous vous annoncions des records de plus en plus fous, avec plusieurs centaines de milliards d'euros déposés toutes les nuits. La situation s'est calmée en ce début d’année 2012 grâce au rebond des marchés, comme d'habitude en Janvier, grâce aux publications annuelles...

Sa Quatrième arme : C'est la plus puissante, celle que l'on appelle le "Bazooka" : Le rachat direct d'obligations souveraines. En effet, il suffirait qu'elle s'engage à racheter toutes les obligations européennes traînant sur le marché sans aucune limite ni conditions. Ce processus n'a pas été lancé, mais la BCE, pour faire baisser les taux Grecs, Italiens, Espagnols, ou Portugais, rachète donc leurs obligations, comme notamment pour éviter que le taux Italien ne dépasse les 7.50%, ce qui serait catastrophique (Cette intervention de la BCE a eu lieu lorsqu'il était très haut il y a de cela 1 à 2 mois).


Personnellement, je pense que les opérations de refinancement (ou LTRO ) sont une bonne solution, du moins pour prolonger la "vie" des établissements bancaires et pour leur éviter une banqueroute à la Lehman. Si la situation s'aggrave dans les prochains mois, la quatrième arme, devra être mise en place pour éviter tout défaut de paiement de nos chers Etats Européens. Enfin, je ne pense pas que (Super)Mario Draghi abaissera une nouvelle fois son taux directeur, déjà très bas. Logique.









Grece : la suite de la tragédie

Bon faut tout de même que je vous raconte la suite de l'aventure du défaut/sauvetage sans fin de la Grèce.

Manifestement les créanciers (les méchants banquiers qui ont prêté à la Grèce) et le débiteur (le vilain pays Grec dépensier) se sont mis d'accord pour ne pas faire défaut sur la prochaine grosse échéance de dette le 20 mars. En effet, le gentil Eurogroupe (comprenant la BCE, le consortium des banques et l'UE) est d'accord de débloquer une somme d'argent  pour se repayer elle même (oui rembourser la dette Grec détenue par l'Eurogroupe, c'est un peu comme se prêter de l'argent pour se rembourser soi-même).


Mais en échange de ce geste la Grèce a consentie des efforts de restructuration.

Et tout le monde autour de la table est tombée d'accord sur un % d'annulation de la dette grecque...oups j'ai dit le mot interdit.

Bien oui, le voila notre prochain problème. Mais tout d'abord qu'est ce qu'un défaut ?

Pour mémoire, un défaut c'est :

  1. Non paiement à temps du principal d'une dette (je te prête 100, 100= le principal)
  2. Non paiement à temps d'un intérêt (je te prête 100 au taux de 2%/an, 2%= l'intérêt)


L'Eurogroupe (la BCE et Mme Merkel en tete) compte s'en sortir comme cela en disant que puisque le créancier et le débiteur sont d'accords de diminuer le montant de la dette grecque, ça ne tombera pas dans la définition d'un défaut...

FAUX Mme Merkel, il fallait lire les petites lignes en bas du contrat. Un défaut c'est aussi :

  • Allongement de la maturité de la dette du prêt
  • Baisse des intérêts du prêt
  • Diminution du principal du prêt
Ah ben là normalement on ne peut pas être plus en plein dedans. Donc défaut ? Bah pas sur...

Vous me direz, mais quel est l'intérêt de s'embêter sur ce sujet dans la mesure où ça y est tout le monde est d'accord sur l'annulation de X% de dette grecque.

Tout le monde oui, sauf un petit village gaulois...(euh non je m'égare), sauf les acheteurs de CDS (Credit Default Swap)...KESAKO Encore ?

Un CDS c'est une assurance contre le défaut d'un pays ou d'une société contractée avec une entité tierce (en général banque, assurance, fonds d'investissement...).

Et donc ceux-là qui se sont achetés une assurance contre la faillite de la Grèce n'ont aucune envie qu'on leur vole leur défaut, ce qui leur interdirait de pouvoir exercer leur assurance chèrement achetée et donc de se faire rembourser.

Ça tombe bien, l'ISDA (l'association de joyeux banquiers qui s'occupe de ce sujet) va devoir dire aujourd'hui 17h (GMT) si ...attention lisez bien : "elle se pose la question de traiter ce problème", je vous jure c'est quasiment ecrit comme cela ICI.

Bref ce sujet que la BCE et l'Allemagne souhaitent éluder depuis le début de la crise va devoir être mise sur le tapis. Et il n'est pas anodin vu l'ampleur des CDS traité sur la Grece.

Ca va être marrant à regarder comme histoire. Bon si l'ISDA se décide à ne pas annoncer le défaut autant dire que le marché du CDS va prendre du plomb dans l'aile pour un bout de temps. Mais si elle annonce le défaut elle met un gros coup de pelle sur le fragile chateau de cartes qu'à construit laborieusement l'Eurogroupe.

Réponse à 17h je vous ai dit ! Un peu de patience.

Brouillon AAA


Enfin, aujourd'hui, notre avis sur la question posée par le magazine Capital, concernant la perte de notre AAA, un fait qui remonte au 13 janvier dernier ( La France passant de AAA a AA+. Agence Standard and Poors )




La question était la suivante : La perte du AAA est-elle aussi catastrophique qu'on le dit ?

D’après Eric Valatini :

"Ce n'est pas grave car :
Il y a des gens tres bien qui sont AA (un petit pays comme les USA par exemple). Le marché l'avait pricé depuis longtemps (bonne communication financiere des agences, notamment avec le faux downgrade de S&P's). Le marché n'a pas été surpris, donc pas de choc dans les cours. 
On ne paie pas plus cher pour l'instant notre dette (mais bon, c'est conjoncturel, pas structurel)
On aura des critères moins rigoureux sur le déficit fiscal.

Bref, c'est un peu comme à l’école, si vraiment tu as du mal à suivre dans la classe des premiers, passes dans la classe des moyens, tu seras peut-etre plus heureux. Et d'ici à 6 mois, il est certain que la France sera dégradée par Moodys."

L'avis de Damien Teulon : 

"La perte du AAA n'a jamais été un drame. Tout le monde s'y attendait, on a pricé ça même 2 mois avant l'annonce et les taux sont redescendus par la suite. Le timing collait bien, les rendements s'envolaient en Italie et en Espagne. Une annonce ou une rumeur de ce genre permettaient d'elargir la speculation sur la France. Pour moi, ça fait un petit moment qu'on ne méritait plus vraiment cette note mais de toute façon, je ne porte guère d'attention aux agences de notations."

Mon avis : 


Comme mes deux compères, La perte du AAA, pricé dans les cours n’était pas une surprise. Je n’émettrai pas d'avis sur la baisse de l'OAT Français à la suite de cette dégradation et des spéculations journalistiques habituelles du 20H. Et puis finalement, ces agences de notations sont-elles vraiment fiables ? (cf la chute de Lehman Brothers encore excellemment note lors de ce fameux Black Monday... ). J'en doute !








Le FESF potentiellement encore downgradé


Le FESF vient d'être mis sous surveillance négative par S&P's, il peut donc potentiellement encore être downgradé d'un (ou plusieurs mais peu probable) cran par S&P's après avoir déjà été dégradé d'un cran le mois dernier.





Le communiqué de l'agence de notation en Anglais :

LONDON (Standard & Poor's) Feb. 27, 2012--Standard & Poor's Ratings Services said today that it revised its outlook on the European Financial Stability Facility (EFSF) to negative from developing. At the same time, we affirmed the 'AA+' long-term and 'A-1+' short-term issuer credit ratings on the EFSF.

Following the lowering of the ratings on France and Austria on Jan. 13, 2012, the rated long-term debt instruments already issued by the EFSF are no longer exclusively supported by guarantees from the EFSF guarantor members rated 'AAA' by Standard & Poor's or 'AAA' rated liquid securities. Instead, the EFSF's instruments are now covered by guarantees from guarantor members or securities rated 'AAA' or 'AA+'. Therefore, on Jan. 16, 2012, we lowered the long-term issuer credit rating on the EFSF, and the issue ratings on its long-term debt securities, to 'AA+' from 'AAA'.

At that time, we considered that credit enhancements--in addition to the existing 165% over-guarantee provided by each non-borrowing EFSF member state (see the full analysis listed below)--that would offset our view of the now-reduced creditworthiness of the EFSF's guarantors and securities backing the EFSF's issues could be forthcoming. We have since revised this view. We no longer expect EFSF member states to provide additional credit enhancements to ensure that its rated long-term debt instruments will be exclusively supported by guarantees from the EFSF guarantor members rated 'AAA' by Standard & Poor's or 'AAA' rated liquid securities.

The negative outlook on the long-term rating on the EFSF mirrors the negative outlooks of France and Austria. Absent additional credit enhancements, we could lower the ratings on the EFSF if we lowered the long-term sovereign credit ratings on any of the EFSF's 'AAA' or 'AA+' rated members (Germany, France, The Netherlands, Austria, Finland, or Luxembourg) to below 'AA+'.




Angela sous pression (détente)

Angela Merkel met un peu plus, de jour en jour, nos amis grecs sous pression... en échange nos amis grecs ont envoyé un serveur afin de lui faire savoir à quoi la pression peut ressembler.






C'était le moment détente de la journée sur Margin Call.

Pétrole : l'Iran vs l'Occident et l'AIEA


Vous le savez sûrement déjà : le prix du pétrole libellé en euros est à un niveau record, dépassant le précédent pic atteint le 3 Juillet 2008. Cette nouvelle intervient seulement un jour après que le Brent libellé en livres sterling atteigne lui aussi un nouveau sommet.
Barclays s’en va même dire qu’il s’agit d’un choc pétrolier régional. Hmmm… Je ne suis pas vraiment d’accord avec l’aspect « régional » puisque les prix du brut en dollars sont eux aussi à des niveaux très élevés. Certes, on reste bien en dessous des 147$ de 2008 mais tout de même ! De plus, si le mouvement haussier conserve ce rythme on ne mettra pas plus de 3 semaines avant de tester les plus hauts. Ian Taylor, le PDG de Vitol, l’une des plus grandes sociétés de courtage sur le marché pétrolier a rapporté cette semaine que le prix du pétrole pourrait atteindre un nouveau record à plus de 150 dollars le baril cette année.


La flambée des prix s’explique par de fortes tensions entre l’Iran et les occidentaux. Téhéran menace désormais d'interrompre immédiatement ses approvisionnements d'or noir vers l'Europe (le pays a déjà cessé d’exporter vers la France et le Royaume Uni), afin de devancer la mise en place en juillet de l'embargo de l'Union européenne. D'autres pays comme le Japon qui n’est autre que le 2ème plus gros client de l'Iran, affichent désormais leur intention de réduire leurs importations de brut iranien.  

Et le mouvement haussier semble avoir encore de beaux jours devant lui puisque vendredi, l’AIEA a publié un rapport affirmant que l’Iran a accéléré son programme d’enrichissement d’uranium. L’agence estime que le pays dispose désormais d'un stock de près de 110 kilos d'uranium enrichi à 20 % et se préparerait à accroître encore ses capacités d'enrichissement dans le site souterrain de Parchin. Et quoi encore ? Ah oui, que l’Iran refuse bien entendu l’accès à ce site. Voilà qui devrait forcer les Etats Unis et l’Europe à hausser le ton.

De plus, les signes de reprise de l’économie américaine suggèrent une hausse de la demande en énergie aux Etats-Unis pour les prochains mois.

Personnellement, je pense que le prix de l’or noir devrait continuer sa hausse mais à un rythme moins soutenu que ces dernières semaines. Le record des 147$ me semble être un objectif facilement atteignable. Si l’Iran persiste à ne pas vouloir coopérer, les occidentaux pourraient tenter de durcir les sanctions envers l’Iran ce qui entrainerait bien évidemment un nouveau mouvement de hausse sur le marché. Enfin, la hausse des prix du brut devrait peser sur les indices européens puisque cela pourrait déboucher sur de nouvelles pressions inflationnistes qui fragiliseraient la reprise économique. 

Maladie : trader — finance et psychologie


Billet d'une invité (voir détails à la fin) :


Que l’on considère le golden boy du film des années 80 « Wall Street » ou l’ultra-capitaliste qui surfe sur la crise financière pour spéculer et recevoir des bonus faramineux, le métier de trader nourrit l’imagination et les fantasmes ; il semble vivre à coté de la société, et toute l’organisation de son travail alimente cette mise à distance d’un quotidien « normalisé ».

Dans son milieu professionnel prônant l’hyper-performance, il est soumis à des
diktats qu’il intériorise et fait siens. Il établit un plan de carrière bien défini et doit prouver, pour le mener à terme, qu’il est le meilleur. Il n’y a pas trente-six façons d’y arriver : le métier de la finance ne s’interrompt jamais (les bourses ferment mais la Bourse ne ferme pas !), si bien que le trader se retrouve souvent sans attache géographique (pour les expatriés) et sans limite de temps ou d’espace. Le bon élément repousse donc les limites du temps de travail légal, du temps de vie personnelle, du temps de sommeil, tout en sortant entre collègues de bureau pour prouver que tous ces bons résultats, il peut les obtenir sans faire beaucoup d’efforts.

L’entreprise porte sa part de responsabilité, dans la mesure où le système de valeur est souvent fondé sur l’excellence (« nous recrutons les meilleurs candidats, donc nous sommes les meilleurs sur le marché ») et le confort (cafétéria design, salle de sport high tech, conciergerie, etc.). Cette organisation sans faille, basée sur l’efficacité des salariés et leur bien-être apparent, incite ces derniers à donner le meilleur d’eux-mêmes pour satisfaire un employeur si généreux. Mais sur le fond, ce mode de fonctionnement peut conduire à la schizophrénie. Il revient à dire au salarié : « Je te fais du mal avec le sourire, alors tu dois me remercier ».

Si cette course effrénée est encouragée par l’entreprise, elle est également
alimentée par le trader lui-même, son passé et ses failles narcissiques. Il faut
rechercher la source de cette volonté de gravir les échelons. Est-ce pour prouver qu’on est le meilleur ? Mais alors à qui ? Et qu’investit-on en dehors du travail ?

La question est cruciale pour l’équilibre de tout individu : quelle est la part réservée à la vie personnelle ? Dans le passage à l’acte suicidaire, les personnes ont bien souvent une vie personnelle sous-investie tant du point de vue physique que psychique.

Avoir une famille et des amis ne saurait suffire : ne pas leur consacrer un minimum de temps peut se révéler aussi destructeur que l’isolation et l’absence totale d’entourage. Dans ce dernier cas de figure, le sujet se sent en décalage, étranger à son environnement. Il a l’impression de ne pas faire partie du même monde. Refusant de montrer la moindre faiblesse, il n’en parle pas et fait « comme si ».

Après le passage à l’acte, c’est donc en toute bonne foi que l’entourage, même le plus proche, jure ne rien avoir vu venir. Ce mode opératoire est d’autant plus courant que la personne est haut placée dans la hiérarchie, donc défensive puisque toute puissante.

Aussi, cette recherche de l’infaillibilité pousse toujours plus loin le salarié soumis à de fortes pressions et le déséquilibre entièrement : il se coupe ainsi petit à petit du monde « réel » (son foyer, ses loisirs) et repousse ses limites physiques, parfois au moyen de substances addictives (alcool, drogue, sur-médication, recherche d’adrénaline). Il se constitue une image de lui-même tronquée, qui affaiblit ses ressources propres sans qu’il en ait bien souvent conscience. Il faut imaginer une noix possédant au départ un cerneau développé au point de remplir entièrement la coquille, rendant le tout dense et robuste ; au fil du temps, le cerneau se rabougrit, se replie sur lui, noircit et diminue. De l’extérieur, la coque est toujours aussi belle et paraît solide, mais il suffit d’un petit choc pour qu’elle se brise comme du verre.

Que se passe-t-il alors lorsque la crise financière, les restructurations dans le secteur bancaire, le lynchage médiatique viennent frapper cette coque ? Le trader parvient-il à maintenir le cerneau fort et épanoui ou le laisse-t-il se racornir ?

Dans un corps de métier où il semble parfois que le plus heureux ne sera jamais le meilleur , l’enjeu est de taille : quelle perspective d’avenir le trader doit-il envisager ?

Être moins riche qu’il ne l’espérait à 30 ans ? ou être à 30 ans le plus riche du
cimetière ? Il n’y a pas de troisième choix !


L'auteur de cet article est Clotilde Lizion : Psychologue clinicienne spécialisée en psycho-traumatisme en milieu professionnel, prise en charge des hauts potentiels et gérante de la SARL LCCL. www.lccl.fr

Ce qu'il faut retenir de la lettre aux actionnaires 2011 de Warren Buffett

Comme chaque année, fidèle au poste et à ses convictions, en toute humilité et toujours aussi patriote, Warren Buffett a publié sa lettre aux actionnaires de Berkshire Hathaway, lettre dans laquelle il revient sur l'exercice précédent et évoque la performance des entreprises aussi nombreuses que diversifiées que Berkshire possède (Geico, Burlington Northern Santa Fe, Lubrizol et j'en passe) ainsi que celle des participations dans des entreprises côtées - ce qui est déjà bien plus intéressant pour tout individu non-actionnaire de Berkshire Hathaway. Il a laissé entendre que Berkshire était encore en quête d'acquisitions, mais il a été quelque peu moins incisif que l'année dernière. Voici donc les éléments les plus importants que j'ai identifiés.




  • Le successeur de Warren Buffett a été identifié mais n'a pas été nommé après l'épisode Sokol qui a écarté le prétendant le plus sérieux. Il est par ailleurs précisé que deux successeurs potentiels de secours ont été choisis, nous ne sommes jamais à l'abris d'un nouveau Sokol... Je ne me perdrai pas en d'infructueuses conjectures comme le font la plupart des rares journaleux actifs le samedi, car ce n'est pas pour tout de suite et qu'honnêtement, ce peut être n'importe qui parmi les nombreux fidèles de Warren. C'est une bonne nouvelle pour Berkshire, mais la meilleure nouvelle est sans doute que Warren Buffett a été très clair: il reste en bonne santé et n'a pas prévu de s'en aller de si tôt. 

  • Warren Buffett est satisfait de la plupart des activités de Berkshire, mais il est revenu sur sa prédiction de l'an dernier, en mars 2011: il était persuadé que l'immobilier se reprendrait rapidement (dès 2012). A ce propos, il se décrit "dead wrong" et concède que cela a et aura des conséquences sur certaines activités de Berkshire et en particulier sur Clayton Homes, le plus grand constructeur de maisons individuelles aux USA et propriété de Berkshire. Néanmoins, il reste confiant dans les perspectives de redressement de l'immobilier à terme grâce à la croissance démographique et à un nombre croissant de foyers. Warren Buffett estime que le nombre de constructions pourrait retrouver le niveau de 1 000 000 (contre 600 000 actuellement) plus vite qu'on pourrait le croire, et le grand patriote qu'il est d'ajouter que le taux de chômage retombera alors à un niveau très faible. Encore plus patriote ce cher Warren: il a indiqué que 95% des 8.2 milliards de dollars d'investissements réalisés par les entreprises de la galaxie Berkshire avaient été réalisés aux USA. Il a réitéré sa désapprobation quant à ceux qui investissent sur l'or ainsi que ceux qui misent tout sur des placements monétaires, pour l'Oracle seuls sont valables les investissements dans des activités productives. Je pense que les Gold Bugs ne manqueront pas de revenir sur ces propos si l'once continue de s'apprécier (vous savez ce que j'en pense si vous me suivez sur Twitter). 

  • Une page s'est tournée en 2011 avec le rachat des actions préférentielles obtenues par Berkshire en 2008 auprès de sociétés en mal de capitaux: Goldman Sachs, General Electric & Swiss Re. Et ce pour un total de 12.8 milliards $ au total. Cela a pour incidence de réduire les revenus annuels de Berkshire à hauteur de 1.2 milliard $.  Il est cependant important de se souvenir que Warren Buffett le chevalier blanc est venu au secours de Bank of America l'année dernière en échange d'actions préférentielles qui donnent droit à Berkshire un paiement annuel de 6%, pas suffisant pour combler la perte de revenus liés à GS, GE et Swiss Re, mais un bon moyen de générer du cash. A noter également que ce "sauvetage" (le mot n'est pas trop fort) donne droit à Berkshire d'acheter 700 millions d'actions ordinaires de BofA pour 7.14$, et ce jusqu'en 2021. Aux cours actuels, cela représenterait 518 millions $ de plus-values instantanées. Un bon début. 

  • La grande prise de participation de l'année 2011 enfin: IBM. Berkshire a accumulé 5.5% des actions IBM et est ainsi devenue le premier actionnaire du groupe pour un coût total de 10,85 milliards $, un record pour la firme d'Omaha. IBM constitue désormais la 2ème ligne la plus importante du portefeuille de Berkshire Hathaway, juste derrière Coca-cola mais devant Wells Fargo (renforcement au capital en 2011).
Portefeuille de Berkshire Hathaway au 31 Décembre 2011



Pour les adorateurs de l'oracle d'Omaha, je sais qu'ils sont nombreux, si cette lecture ne suffit pas, voici la lettre en intégralité (22 pages): Warren Buffett's letter to shareholders 2011. Les vrais fans iront à Ohama, Nebraska, pour voir Warren en personne et pour pouvoir participer au tournoi de lancer de journaux qui y sera organisé. Toujours le mot pour rire n'est-ce pas? Tous ceux qui feront mieux que Warren auront droit à une Dilly Bar, un produit... Berkshire Hathaway. 

Bull and Bear : la finance et ses codes



Le milieu de la finance comme plein d’autres, a son propre jargon, ses propres codes. Un mélange d’anglais et de termes techniques, la plupart du temps raccourcis et tronqués dans le but de se faire comprendre rapidement.













"Bull" et "Bear" en font partie. Quand ces termes sont-ils employés ? Que signifient-ils réellement ?


Dans l’arène boursière, c’est un combat sans fin et sans merci que se livrent les uns et les autres, s’affrontant continûment dans l’interminable quête d’un prix favorable, on distingue alors :

- Les « Bulls » correspondent aux optimistes qui pensent que le marché est haussier sur un horizon de temps et un sous-jacent / support financier donné.

- Les « Bears » soutiennent l’inverse.


    On peut aussi appliquer ces termes à une tendance de marché. Un marché "bullish" est un marché haussier, le marché "bearish" est son opposé. Par exemple, de 1982 à 2000 les marchés était "bullish" dans la tendance générale (Bulle internet). L'échelle de temps ou de progression n'a maintenant plus d'incidence, on pourra dire d'une action Intraday qu'elle est "bullish" ou "bearish".


    Pourquoi  "Bull " / "Bear" et pas autre chose ?

    Historiquement le milieu de la finance a choisi ces deux animaux pour des raisons bien précises. 

    • Lorsqu’un ours attaque une proie, il assènera ses coups de griffes du haut vers le bas, dans le but de plaquer sa victime au sol. L'investisseur "Bear" poussera donc les marchés à la baisse, vers le sol et plus bas encore.
    • Lorsque le taureau attaque, ses coups principaux sont portés grace à ses cornes, décrivant un mouvement allant de bas en haut. L'investisseur "Bull" poussera donc les marchés à s'envoler vers de nouveaux sommets et plus haut encore.




    Après quelques recherches j'ai pu lire que cette métaphore était en faite raccourcie. Ces deux termes ne tireraient pas leur racines de ces analogies.
    Il faut remonter en 1761, date de parution de « Every man his own broker – Or a guide to Exchange Alley » de Thomas Mortimer. Il décrit alors qu'à cette époque, les "jobbers" londoniens, négociants dans le marché des peaux, s'étaient faits une spécialité en vendant la peau d'ours avant même de l'avoir tué (ici littéralement). Il décrivit le même fait lors du Krach de la South Sea Company en 1720, où beaucoup vendirent à terme des titres qu'ils ne possédaient pas.
    C'est ainsi que Mortimer décrivit les "bears" comme des êtres "maigres, l’air hagard, féroces de mine, constamment sur le qui-vive, …, effrayant par des menaces infondées et des fausses rumeurs quiconque voudrait acquérir ce qu’ils veulent acheter eux-mêmes" et à l’opposé les bulls « boudeurs et lourds, assis dans un coin dans une posture mélancolique ». 
    De cette description est née l'image du baissier prosélyte, le "bear", et celle du haussier débonnaire, le "bull".




    Dérivés

    Ces deux termes ont été utilisés au fil du temps dans de nombreux cas comme des indicateurs techniques (Bear and Bull power) et même des produits financiers (Bear Spread).






    Plus qu'une simple image, un symbole


    - Déplacée à Bowling Green Park, face au financial district New yorkais, trône "Charging Bull", la célèbre statue de l'artiste Arturo Di Moca. Un taureau en mouvement comme le décrit son titre, figure du marché haussier (coup de corne). Elle présente « la force et la puissance du peuple américain » selon l'artiste. 



    Anecdote: Vous pourrez observer, vous qui êtes ou qui irez à New York, que sa tête est plus claire que son corps. En effet, tous les matins certains traders ont pour habitude de lui caresser la tête pour leur porter chance.


    - Devant l'important centre financier de Francfort en Allemagne ou l'on peut voir les statues de l'ours et du taureau se fixant comme lors d'un "duel occulaire" (concept peut-être inexistant)
    Anecdote: Aucune