Il n'y a de cela que quelques années, les cours du gaz naturel de référence (c'est-à-dire côté aux US bien évidemment) grimpaient, souvent corrélés avec les cours du pétrole. Cette relation n'est plus vérifiée alors que le gaz naturel a atteint un plus bas en 10 ans ces derniers jours, tandis que le pétrole s'accroche encore à ses 100-110 $. D'ailleurs, le gaz naturel a réintégré sa fourchette de prix dans laquelle il s'échangeait entre 1980 et l'an 2000 (entre 1 et 3 $ par MMbtu, 2.30 $ ce jour!). Tout cela alors que tout le monde ou presque était convaincu que les USA ne pourraient plus jamais exporter de produits énergétiques. La chute des prix est telle que certains des principaux producteurs US parmi lesquels on retrouve Cheasapeake & Conoco ont décidé de réduire leur production, mais cette annonce ne semble pas avoir été suivie dans les faits puisque les flux des pipelines n'ont pas diminué, et les prix continuent de chuter, aux Etats-Unis du moins.
Nat Gas Futures (weekly) |
En effet, les prix du gaz naturel aux USA ont beau être au plus bas de la décennie, les prix de ce côté de l'Atlantique et de l'autre côté du Pacifique sont largement supérieurs. En Europe, le gaz naturel coûte 3 fois plus cher qu'aux USA, jusqu'à 6 fois plus cher en Asie ! Pourquoi cela? Cette immense différence de prix résulte simplement de l'indexation des prix du gaz naturel sur ceux du pétrole et du fait que les capacités d'exportation de GNL aux Etats-Unis sont très limitées. Les justifications de cette indexation sont nombreuses, on pourra citer le fait que très souvent le gaz naturel provient des mêmes gisements que le pétrole (du moins pour les gisements traditionnels), mais aussi la concurrence directe entre pétrole et gaz pour de nombreux usages... Mais cette indexation me semble avoir de moins en moins de raison d'exister (en tout cas du point de vue du consommateur), si ce n'est pour que les producteurs s'assurent une marge confortable.
En tout cas, si les USA deviennent un exportateur significatif de gaz naturel (ce qui suppose que les projets en cours aboutissent; les 7 projets d'unités de liquéfaction de gaz naturel aux USA visent une capacité de 102 millions de tonnes par an, soit bien plus que les 77 millions du Qatar le premier exportateur de LNG), cette indexation aura de moins en moins de sens. Et d'ores et déjà, certains contrats Qatari avec la Corée et Taïwan ont été renégociés à la baisse, ce qui indique qu'une certaine convergence est envisageable.
En tout cas, si les USA deviennent un exportateur significatif de gaz naturel (ce qui suppose que les projets en cours aboutissent; les 7 projets d'unités de liquéfaction de gaz naturel aux USA visent une capacité de 102 millions de tonnes par an, soit bien plus que les 77 millions du Qatar le premier exportateur de LNG), cette indexation aura de moins en moins de sens. Et d'ores et déjà, certains contrats Qatari avec la Corée et Taïwan ont été renégociés à la baisse, ce qui indique qu'une certaine convergence est envisageable.
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Super Tanker $$ |
Comment en profiter? Deux options sont possibles, miser sur les producteurs US (comme Chesapeake) en supposant que les prix se stabiliseront avec l'accès au marché mondial, ou bien directement miser sur les futurs exportateurs. Parmi les projets les plus avancés, on retrouve ceux de Cheniere (LNG) qui développe plusieurs terminaux dans le golfe du Mexique. Attention cependant aux très lourds investissements auxquels Cheniere doit faire face... Cheniere a d'ailleurs dû procéder à une augmentation de capital cette semaine... pour rembourser des dettes (veuillez noter qu'il ne s'agit pas d'une recommandation d'achat, je ne suis moi-même pas positionné).
Le seul véritable obstacle à l'expansion du secteur n'est autre que l'opinion publique... En effet, les techniques utilisées (dont la fracturation hydraulique) sont suspectées de causer d'importants dommages à l'environnement à cause de l'utilisation de produits chimiques et d'importantes quantités d'eau. D'après ce que je sais, les études menées aux USA n'ont pas encore permis de déterminer les conséquences exactes de ces techniques, je ne me prononcerai donc pas à ce sujet puisque je ne suis pas employé par le lobby pétrolier et que je ne fais pas partie des mouvements écologistes extrémistes. Toujours est-il que la contestation prend forme aux USA malgré l'énorme potentiel de créations d'emplois (600 000 emplois selon le lobby pétrolier, chiffre nécessairement biaisé donc), et la situation pourrait évoluer rapidement dans le cadre de la campagne de Barack Obama. Et en France? Oh, comme d'habitude, en France on se refuse tout, on se refuse même d'envisager l'exploration de nos gisements de gaz de schiste! L'année dernière, l'Assemblée a voté l'interdiction de l'utilisation de la fracturation hydraulique (exploration ET exploitation), mais les socialistes, toujours à la recherche de la compétitivité du pays, auraient souhaité étendre cette interdiction à ... toutes les formes d'exploration des sous-sols du pays. Pour une fois que nous avions quelque chose, je trouve dommage que nous nous fermions cette porte avant de savoir de quoi il pourrait s'agir...
Toujours est-il que le gaz de schiste se développe en-dehors des USA, tous les pays ne sont pas conservateurs comme la France. Pour l'anecdote, le premier ministre du Kazakhstan a décidé hier d'encourager l'exploration des sous-sols, considérant que le gaz de schiste est une "innovation prometteuse". En ajoutant cela aux futures exportations américaines, nous pourrions peut-être espérer que l'indexation des contrats de gaz naturel sur les cours du pétrole prenne fin... A condition de bien vouloir accepter une plus grande volatilité des prix bien entendu.
Toujours est-il que le gaz de schiste se développe en-dehors des USA, tous les pays ne sont pas conservateurs comme la France. Pour l'anecdote, le premier ministre du Kazakhstan a décidé hier d'encourager l'exploration des sous-sols, considérant que le gaz de schiste est une "innovation prometteuse". En ajoutant cela aux futures exportations américaines, nous pourrions peut-être espérer que l'indexation des contrats de gaz naturel sur les cours du pétrole prenne fin... A condition de bien vouloir accepter une plus grande volatilité des prix bien entendu.
On peut ne pas être extrémiste écolo, être pro nucléaire et accepter l'idée que la fracture hydraulique est une sacré ânerie :)
RépondreSupprimerAllons plutôt chercher de l'hélium3 sur la lune tel que le propose un des candidats à la présidence....
Nicolas