Restructuration de la dette : Kesako ?

Si vous avez vécu durant les 8 derniers mois dans un igloo on vous en voudra pas de ne pas être informé, la Grece a quelques soucis de sur-endettement. Pour information la belle helène (bonne poire), ne peut plus payer ses traites.

Le problème c'est qu'on nous bassine tellement avec cette histoire que si vous prenez le train en marche il y a de fortes chances que vous n'osiez plus demander des éclaircissement de peur de passer pour un Inuit Sociopathe (rapport a l'igloo tout ça...). Le cours de rattrapage débute, on se concentre une seconde si on veut briller en communauté (surtout en réunion plénière CGT, lors d'un débat au MEDEF ou plus simplement si tu es candidat à la présidentielle).


Donc on va simplifier. Je suis une entreprise (grosse de préférence), cette société comme toute société appartient à .... ses actionnaires (au pro-rata des actions détenues par chacun).

Mon entreprise se finance donc avec des actionnaires qui ont mis de l'argent dans la société en échange d'actions (part de propriété qui distribue une rémunération sous forme de dividendes tous les ans) mais également de dettes contractées auprès de banques. Le banquier lui va demander un taux faible comparé au taux de dividende constaté sur le marché, en revanche il veut être payé de façon certaine, et il n'exige aucun droit de vote pour diriger l'entreprise, il prête et veut juste voir son capital et ses intérêts remboursés. Il n'aime pas spécialement que la société se mette à prendre des risques inconsidérés.

On rappelle, le vrai patron c'est l'actionnaire. C'est lui qui prendra les premiers bénéfices (dividende) car il prend les premières pertes (donc le risque le plus important).

Effectivement en cas de faillite de la société, les actionnaires seront remboursés après tout le monde (après vente des actifs de ce qui reste dans la société).

Maintenant envisageons la situation de façon dynamique. La société ne va pas très bien, elle vend de moins en moins de produits. Elle a de plus en plus de mal a payer ses mensualités. Dés lors on se rapproche de plus en plus de la situation de faillite (sans l'atteindre encore). Donc petit à petit l'actionnaire perd de son pouvoir au profit du banquier (car on le rappelle ce dernier, en cas de faillite, sera remboursé en premier après démembrement de la société-oui on démembre une société organe par organe).

Avant d'arriver à la situation de faillite, en général, on se trouve dans une situation de négociation entre les banquiers et la société. D'un coté les banques veulent minimiser leurs pertes, de l'autre la société veut maximiser le support des banquier pour continuer a exister.

On a donc une situation de "steering committee" ou négociation de restructuration de la dette. En général les banques veulent trouver un compromis et vont donc proposer d'abandonner un pourcentage de ses créances contre :

  • d'autres créances de plus longues échéances (par ex on transforme une dette 1 an en dette 30 ans, ça laisse 29 ans a la société pour se redresser
  • des actions (qui au moment de la restructuration ne valent rien) ça s'appelle un debt to equity swap
  • rien, c'est un abandon de créance, j'abandonne X% de ma dette.
En général c'est un mix des 3 solutions, mais à l'issue du process on est toujours capable de calculer un "haircut" c'est a dire un % de perte comparé a la créance initiale.

C'est tout l'enjeu du moment dans la restructuration de la dette grecque avec la BCE (le plus gros banquier de la Grece et le consortium de banques) vs l'Etat Grec qui bataillent sur le pourcentage de haircut.

La négo initiale parlait de 50% d'abandon de créance, puis nous en sommes arrivé à 90% juste avant le premier plan de sauvetage.

Une excellente méthode pour suivre en temps réel l'évaluation du haircut anticipé par le marché c'est de regarder le prix de la dette Grec (graphe ci-dessous). En ce moment, elle vaut 20% à 25% de sa valeur initiale cad 75 à 80% de pertes anticipée.

Petite astuce de banquier, le meilleur indicateur, dans ce type de négociation auxquels j'ai déjà participé, pour sentir qu'on a touché un plancher bas dans les pertes qui vont être acceptées par les deux parties c'est lorsque Goldman Sachs se met a racheter comme un veau toute la dette à prix cassée... Ce sont comme les vautours, on est sur que la fin est proche lorsqu'ils rodent.

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