Les marchés sont ils de droite ou de gauche ?

Je vais déflorer un peu violemment le sujet en vous donnant d'emblée la conclusion. Statistiquement un gouvernement de gauche fait (d'un point de vue performance des marchés) beaucoup et significativement mieux. Voici l'explication :



On part souvent du principe que la droite a une analyse plus fine des problèmes économiques et financiers d'un pays. En réalité cela ne résiste pas à l'analyse statistique menée par le chercheur David Le Bris dans ce papier de recherche il analyse l'indice action et cherche une corrélation avec l'obedience politique du gouvernement et cela de 1871 à 2008 sur la France.


Les résultats sont très surprenants par leur intensité et leur fiabilité statistique.


La plus value de l'indice boursier constatée pour un gouvernement de gauche est de +4,12% contre -0,50% pour un gouvernement de droite. On pourrait expliquer cela par une situation économique, une conjoncture (du moment) plutôt favorable...que nenni. Si on décompose ce résultat en 2  avec d'une part le résultat "attendu" à cause d'une situation économique favorable et d'autre part la "bonne surprise" on constate que la part "attendue" donnerait seulement une hausse des indices boursiers de +2,56% pour la gauche contre +0,98% pour la droite. Cela nous permet donc de conclure que la part "surprise" non expliquée par l'environnement économique mais par le changement de gouvernement est de +1,56% pour la gauche et -1,48% pour la droite.


Essayons d'expliquer d'où proviennent ces différences ?


A court-terme (à l'échelle du mois) toutes les constatations saluent un changement de gouvernement qu'ils soient de droite ou de gauche. Ainsi un mois normal c'est à dire sans  changement de gouvernement voit une croissance moyenne de 0,27% alors qu'un mois boursier avec changement de gouvernement voit une croissance de 0,92%. C'est sans appel.


A long terme (à l'échelle de la durée de chaque gouvernement) les politiques de gauche confirment leur efficacité pour la croissance dans la mesure où si l'on calcule le rendement (incluant le dividende et corrigé de l'effet de l'inflation) on obtient 5,48% pour un gouvernement de gauche contre 1,18% pour un gouvernement de droite.


L'auteur s'est même amusé à calculer la probabilité que ce résultat soit due à la chance et la probabilité n'est que de 13%.


Construction de portefeuille


Construisons un portefeuille 1 (valeur initiale 1 euro en 1871) où nous achèterions l'indice boursier en cas de victoire de la gauche que nous revendrions en cas de victoire de la droite (courbe noire) et un portefeuille 2 faisant l'inverse (courbe grise) de 1871 à 2008.


Le rendement final du portefeuille serait de 6 993 euros pour le portefeuille jouant la gauche contre 299 euros pour le portefeuille jouant la droite.


Ce n'est pas de la politique ce n'est que de la recherche statistique (avec une méthodologie robuste) et de la finance.


Eric Valatini
Trader

Et un prêt toxique pour l'Italie, Un !

C'est une bombe que vient de lâcher Bloomberg. L'histoire pourrait presque paraître irréelle... mais non c'est la triste réalité.


Le gouvernement italien a utilisé des swaption (option sur swap de taux) pour diminuer facialement le taux d'emprunt en échange de la vente d'option. C'est extrêmement dangereux dans la mesure où les pertes potentielles sur une vente d'option sont théoriquement illimitées.

C'est exactement le type de prêts "bancals" qui ont été vendues durant de nombreuses années aux municipalités françaises par Dexia, RBS et Natixis et qui ont amenés autant de mairies au bord de la faillite. Ces prêts contre nature proposaient de vendre un risque compliqué "corrélation yen-franc suisse" à une maire en échange de la baisse de son taux d'emprunt.

L'Italie a fait pareil et se retrouve coincée dans la mesure ou le pari sous-jacent s'est révélé complètement erroné.

Pour sortir de cette transaction l'Italie va payer 3,4 milliards de dollar, soit la moitié de l'augmentation des recettes fiscales de l'année en Italie. Autant d'effort mis à bas par un seul produit financier... ca a un coté désespérant.

Si nous voulions un prétexte pour focaliser l'attention sur l'Italie après avoir fait semblant de sauver la Grece....le sujet est tout trouvé.

Cela montre une totale méconnaissance des produits traités et surtout les profils de risques associés. A moins que ce soit les italiens qui ont une très faible aversion au risque...


Eric Valatini

De l'avenir du gaz de schiste américain

Vous avez sans doute entendu parler du gaz de schiste ces derniers jours, le sujet a en tout cas été abordé dans les Echos de mardi. En effet, de nombreux gisements sont devenus profitables grâce au développement de la technique de fracturation hydraulique, technique pour le moins controversée. Cela a permis d'augmenter l'offre de gaz naturel aux USA de près de 20% en seulement 5 ans (entre 2005 et 2010) Toujours est-il que grâce à ces techniques et aux multiples projets en cours de construction ou de considération, les Etats-Unis devraient devenir un important exportateur de gaz naturel d'ici à 2016, la question étant de savoir si cela aura des répercussions sur les prix mondiaux.


Il n'y a de cela que quelques années, les cours du gaz naturel de référence (c'est-à-dire côté aux US bien évidemment) grimpaient, souvent corrélés avec les cours du pétrole. Cette relation n'est plus vérifiée alors que le gaz naturel a atteint un plus bas en 10 ans ces derniers jours, tandis que le pétrole s'accroche encore à ses 100-110 $. D'ailleurs, le gaz naturel a réintégré sa fourchette de prix dans laquelle il s'échangeait entre 1980 et l'an 2000 (entre 1 et 3 $ par MMbtu, 2.30 $ ce jour!). Tout cela alors que tout le monde ou presque était convaincu que les USA ne pourraient plus jamais exporter de produits énergétiques. La chute des prix est telle que certains des principaux producteurs US parmi lesquels on retrouve Cheasapeake & Conoco ont décidé de réduire leur production, mais cette annonce ne semble pas avoir été suivie dans les faits puisque les flux des pipelines n'ont pas diminué, et les prix continuent de chuter, aux Etats-Unis du moins.

Nat Gas Futures (weekly)

En effet, les prix du gaz naturel aux USA ont beau être au plus bas de la décennie, les prix de ce côté de l'Atlantique et de l'autre côté du Pacifique sont largement supérieurs. En Europe, le gaz naturel coûte 3 fois plus cher qu'aux USA, jusqu'à 6 fois plus cher en Asie ! Pourquoi cela? Cette immense différence de prix résulte simplement de l'indexation des prix du gaz naturel sur ceux du pétrole et du fait que les capacités d'exportation de GNL aux Etats-Unis sont très limitées. Les justifications de cette indexation sont nombreuses, on pourra citer le fait que très souvent le gaz naturel provient des mêmes gisements que le pétrole (du moins pour les gisements traditionnels), mais aussi la concurrence directe entre pétrole et gaz pour de nombreux usages... Mais cette indexation me semble avoir de moins en moins de raison d'exister (en tout cas du point de vue du consommateur), si ce n'est pour que les producteurs s'assurent une marge confortable.
En tout cas, si les USA deviennent un exportateur significatif de gaz naturel (ce qui suppose que les projets en cours aboutissent; les 7 projets d'unités de liquéfaction de gaz naturel aux USA visent une capacité de 102 millions de tonnes par an, soit bien plus que les 77 millions du Qatar le premier exportateur de LNG), cette indexation aura de moins en moins de sens. Et d'ores et déjà, certains contrats Qatari avec la Corée et Taïwan ont été renégociés à la baisse, ce qui indique qu'une certaine convergence est envisageable. 

Super Tanker $$
D'ailleurs, la logique voudrait qu'il y ait une certaine convergence des prix mondiaux, cela devrait se réaliser dans une certaine mesure. Mais il devrait subsister une différence de prix entre USA et Europe pour une raison simple: le coût de transport du gaz naturel est élevé, il faut en effet le transporter sous forme liquéfiée (GNL, LNG), ce qui nécessite de le plonger à -162 °C. Une autre raison pour laquelle il est improbable que le prix payé soit le même en Europe et aux USA résulte du protectionnisme US (notion à la mode en ce moment). En effet, les USA peuvent limiter les exportations de GNL! D'ailleurs, après le tsunami, quand le Japon s'est retrouvé avec d'importants besoins énergétiques, il a fallu demander aux USA d'autoriser les exportations de GNL! Toujours est-il qu'avec l'abondance de l'offre, le risque que les US bloquent leurs exportations est tout de même limité, d'ailleurs les contrats d'exportation vers le Japon, la Corée ou encore l'Inde sont de plus en plus nombreux, il ne reste donc plus qu'à charger le GNL dans le super tankers et les envoyer en Asie. 

Comment en profiter? Deux options sont possibles, miser sur les producteurs US (comme Chesapeake) en supposant que les prix se stabiliseront avec l'accès au marché mondial, ou bien directement miser sur les futurs exportateurs. Parmi les projets les plus avancés, on retrouve ceux de Cheniere (LNG) qui développe plusieurs terminaux dans le golfe du Mexique. Attention cependant aux très lourds investissements auxquels Cheniere doit faire face... Cheniere a d'ailleurs dû procéder à une augmentation de capital cette semaine... pour rembourser des dettes (veuillez noter qu'il ne s'agit pas d'une recommandation d'achat, je ne suis moi-même pas positionné).

Le seul véritable obstacle à l'expansion du secteur n'est autre que l'opinion publique... En effet, les techniques utilisées (dont la fracturation hydraulique) sont suspectées de causer d'importants dommages à l'environnement à cause de l'utilisation de produits chimiques et d'importantes quantités d'eau. D'après ce que je sais, les études menées aux USA n'ont pas encore permis de déterminer les conséquences exactes de ces techniques, je ne me prononcerai donc pas à ce sujet puisque je ne suis pas employé par le lobby pétrolier et que je ne fais pas partie des mouvements écologistes extrémistes. Toujours est-il que la contestation prend forme aux USA malgré l'énorme potentiel de créations d'emplois (600 000 emplois selon le lobby pétrolier, chiffre nécessairement biaisé donc), et la situation pourrait évoluer rapidement dans le cadre de la campagne de Barack Obama.  Et en France? Oh, comme d'habitude, en France on se refuse tout, on se refuse même d'envisager l'exploration de nos gisements de gaz de schiste! L'année dernière, l'Assemblée a voté l'interdiction de l'utilisation de la fracturation hydraulique (exploration ET exploitation), mais les socialistes, toujours à la recherche de la compétitivité du pays, auraient souhaité étendre cette interdiction à ... toutes les formes d'exploration des sous-sols du pays. Pour une fois que nous avions quelque chose, je trouve dommage que nous nous fermions cette porte avant de savoir de quoi il pourrait s'agir...


Toujours est-il que le gaz de schiste se développe en-dehors des USA, tous les pays ne sont pas conservateurs comme la France. Pour l'anecdote, le premier ministre du Kazakhstan a décidé hier d'encourager l'exploration des sous-sols, considérant que le gaz de schiste est une "innovation prometteuse". En ajoutant cela aux futures exportations américaines, nous pourrions peut-être espérer que l'indexation des contrats de gaz naturel sur les cours du pétrole prenne fin... A condition de bien vouloir accepter une plus grande volatilité des prix bien entendu. 



Le Franc suisse sort enfin de sa léthargie, en attendant la BNS

Le parlement suisse a affirmé son attachement à l'indépendance de la banque nationale suisse ce mercredi, ce qui propulse l'EUR/CHF au plus haut depuis début janvier, c'est-à-dire depuis la démission de Philipp Hildebrand faisant suite au scandale que j'ai déjà abordé.




Le parlement suisse a voté contre les propositions de contrôle accru de la banque nationale suisse, et en particulier contre les propositions qui auraient limité les interventions de cette dernière! C'est une excellente nouvelle pour la défense du seuil des 1.20 Sfr, ce qui profite naturellement à l'euro (et les autres devises mais l'euro est la plus intéressante puisque le peg a été défini par rapport à l'euro). Les rumeurs entourant la paire EUR/CHF ont logiquement fait leur retour aujourd'hui, une grande banque britannique serait passée à l'achat tandis que la possibilité d'un réhaussement du "peg" parait désormais moins improbable. Le chiffre de 1.30 francs pour 1 euro a souvent été évoqué (par des économistes), même si certains politiques dont Susanne Leutenegger évoquent celui de 1.40 !

Plutôt que de contrôler la BNS elle-même, ce seront ses membres dirigeants qui seront sous la surveillance de la compliance, et s'ils souhaitent gérer eux-mêmes leurs actifs financiers, ils n'auront que la possibilité de sélectionner des fonds généralistes et des investissements immobiliers (en Suisse ou à l'étranger) approuvés par le service de compliance au préalable. Ces investissements devront d'ailleurs être conservés au moins 6 mois tandis que les opérations en devises dépassant 20 000 francs devront être approuvées (plus possible d'aller faire un shopping spree à l'étranger...) et que les proches des dirigeants seront également surveillés. Impossible pour ces derniers d'acheter des titres de valeurs financières suisses par exemple.

Par ailleurs, des parlementaires ont tenu à rappeler qu'ils estimaient que le cours actuel de l'EUR/CHF était encore trop désavantageux pour les exportations suisses, tandis que  les risques inflationnistes sont bien éloignés (l'indice des prix à la consommation a chuté de 0.9% en février par rapport à l'année précédente). Un élargissement du mandat de la BNS pourrait également être envisagé, puisqu'il se limite à maintenir la stabilité des prix. Son mandat pourrait inclure le contrôle du taux de change, mais ce n'est que pure conjecture.

Cette histoire ne devrait pas s'arrêter là puisque j'attends avec impatience le communiqué de la BNS prévu demain à 9.30. Tout porte à croire que le président intérimaire, Thomas Jordan, confirmera qu'il fera tout pour défendre le seuil de 1.20 franc pour 1 euro. Reste à savoir s'il va ENFIN parvenir à convaincre le marché et à éloigner la paire du seuil fatidique pour plus de quelques séances. Il serait d'ailleurs temps que le président permanent soit désginé, cela donnerait plus de crédibilité à l'institution suisse. Cette appréciation de l'euro face au franc suisse me semble logique, je l'attendais depuis plusieurs semaines, mais je reste prudent, rien n'empêche la paire de retomber à 1.2050... Ce qui ne serait qu'une nouvelle opportunité pour passer long EUR/CHF.

EUR/CHF (H4)

Le franc suisse s'inscrit en forte baisse aujourd'hui face aux autres devises et en particulier face à l'euro, lequel progresse de 65 pips soit un peu plus de 0.5% (pour cette paire, c'est un mouvement conséquent) après plusieures semaines de stagnation.
C'est bon pour la Suisse... Et pour mon PnL.

Faut-il être économiste pour être bon homme d’État ? par Alain Lambert, ancien ministre du Budget

Suite à un article paru sur Margin Call posant la question : "Faut-il être économiste pour être bon homme d’État ?" nous avons demandé son avis à Monsieur Alain Lambert, ancien ministre du Budget. Voici sa réponse.


"Faut-il être économiste pour être bon homme d’État ?"

C’est là une question à 500 Milliards d’€*, passionnante, ô combien pertinente mais tout aussi délicate.


Au premier abord, je l’avoue volontiers, il n’est guère aisé d’y apporter une réponse car l’exigence est double. En effet, il peut s’agir de définir les qualités nécessaires à un homme d’État, lequel doit avoir alors un jugement sûr en matière économique. Il peut s’agir, également, de mettre en place une vraie gouvernance sérieuse, apte à transformer un pays, et alors il est nécessaire de trouver des complémentarités. Ainsi, par exemple, il n’est pas indispensable que le Président possède des bases économiques très solides mais il est essentiel, en revanche, que le Premier Ministre maîtrise le sujet.

Mais au fond, qu’est ce qu’un homme d’Etat, sinon une personne placée au service d’un peuple pour le gouverner ? Sa culture générale doit lui permettre d’embrasser toute la complexité des citoyens pris individuellement mais aussi de la société qu’ils forment laquelle n’est pas la somme des individualités tant les rivalités internes la perturbe.

Cet homme ou cette femme doit pouvoir connaitre la situation exacte du peuple, son état d’esprit, ses doutes, ses craintes. Il doit être, de même, capable de jeter son regard plus loin, d’élargir ses perspectives afin de savoir précisément où il souhaite le conduire. Les connaissances de l’homme d’État doivent ainsi être générales, c’est un pré-requis car les problèmes qui sont les siens trouvent leur origine et leur solution dans la sociologie, l’histoire, la géographie, l’économie, la finance, le droit, le social….

S’il ne dispose pas, par son histoire, d’un socle culturel idéal, il lui faudra simplement s’entourer de gens compétents, non complaisants et pétris du souci permanent et exclusif de l’intérêt général.

En revanche, il doit être très riche humainement, c'est-à-dire disposer des ressources morales indestructibles qui lui permettent de résister aux chocs (et croyez-moi, ils sont nombreux et violents en politique), et de transformer la peur en espoir.

En somme, s’il n’a pas fondamentalement besoin d’être un bon économiste, la responsabilité et le bon sens vont en revanche guider son action.

Voici quelques règles, légitimes et sûres, qui pourraient devenir ses commandements.

Economie

L’homme d’État moderne sait que l’économie s’épanouit dans la liberté. Il lui revient donc d’organiser un cadre approprié pour favoriser son dynamisme. Ce, en ne fixant que de rares règles mais très claires et incontournables afin de maintenir les fondamentaux de respect de la concurrence et de la cohésion sociale tout en veillant à ce qu’un équilibre soit préservé entre tous les agents économiques.

Du social,

Il doit veiller à ce que son périmètre ne dépasse pas la capacité contributive bien comprise du pays. L’expérience montre, en effet, qu’une protection offrant à ceux qui ne travaillent pas et à ceux qui ont le salaire le plus bas, des conditions de vie équivalentes n’est pas tenable.

Des finances publiques.

Il s’interdit d’utiliser la dette pour financer des dépenses courantes. Il est conscient qu’il s’agit là d’une forfaiture consistant à laisser croire au peuple que l’État a les moyens d’un standard social artificiellement financé. En agissant ainsi, il court le risque tragique de rompre le contrat social intergénérationnel.

De la parole en politique,

Enfin, le poison odieux susceptible de lui faire perdre sa dignité d’homme d’Etat est bien la démagogie, cancer des démocraties. De fait, un taux de démagogie élevé fait non seulement perdre à ce système de gouvernance toute sa crédibilité mais il produit également des résultats inférieurs aux despotismes éclairés.

Conclusion

Au fond, l’homme d’État doit avoir une tête bien faite plutôt qu’une tête bien pleine. Une éthique forte, une autorité naturelle, un solide bon sens, et une très bonne équipe vaudront toujours mieux qu’une agrégation en économie.


Alain Lambert
http://www.alain-lambert.org

Le VIX au plus bas !

Le VIX est au plus bas, alors comme le dit Traderphil1 sur Twitter, pourquoi ne pas faire un article ?

Pour rappel, le VIX, est l'indice de volatilité du S&P500. 
Il est calculé chaque jour par le CBOE ( Chicago Board Options Exchange ).
Introduit en 1993, il a subit des évolutions au cours du temps. On le calcule en faisant la moyenne des volatilités sur les options d'achat (call) et les options de vente (put) sur l'indice Standard & Poors 500 ( S&P 500 ). Le principe est simple, plus l'indice est élevé, plus il y a une forte volatilité, ce qui veut dire que les marchés sont plus nerveux, voir incertains.. A l'inverse, lorsqu'il est très bas, comme aujourd'hui, cela signifie donc que les marchés sont optimistes. De plus, ce qui est important par rapport à la volatilite historique, c'est que le VIX mesure la volatilité implicite c'est à dire qu'il envisage le marché pour les 90jours suivants.
Venons en donc aux faits !




  Commençons avec le VIX sur un an. On voit nettement qu'un pic à 48%, a été atteint en Août. Et jusqu'au 25 novembre, celui-ci atteignait encore 35.47%. Dans l'histoire, la barre des 40 n'a été dépassée que très peu de fois (3 fois entre sa création et 2007). Cette barre des 40% nous montre donc qu'une fois dépassée, la situation est grave... que dis-je, très grave. 

Et le voila, le miracle, ou plutôt l'orgasme pour certains. Un VIX très proche des 15%. Ce matin, il a même touché un plus bas a 15.23%, de quoi être optimiste.. jusqu’à la prochaine échéance de dette Grecque, ou au prochain pays en très grande difficulté. Que diriez-vous du Portugal mes amis ? (non, je ne citerai pas l'Italie, menée d'une main de Fer par Mario Monti. Quoi-que, j'attends les chiffres moi ! )

Étant plutôt Bear que Bull, et ne considérant pas que la situation soit réglée en Grèce (cf le déclenchement des CDS. Une annonce faite vendredi soir par l'ISDA, mais ça apparemment n'a pas l'air d’être important en Europe, alors que les présentateurs de CNBC étaient foufous lors de cette annonce.. ) De même, je trouve que le plus haut annuel du CAC40, atteint ce jour, n'est pas "mérité", et que la situation est optimiste. Trop pour moi.

Si vous êtes plus Bull que Bear, vous pourriez être choqué par mon discours ( ou pas ), mais vous savez, j'aime bien la tempête car je sais m'y diriger. Là, on monte, c'est super, mais qu'est ce qu'on s'ennui. C'est calme, trop calme. "Le calme avant la tempête ?" Affaire à suivre..


"Les politiques de long terme adaptées au cas de la France sont connues"...

Cette citation est extraite d'un Flash Eco Natixis publié la semaine dernière et intitulé "Est-il possible d'éviter, pendant plusieurs années, la hausse du chômage en France ?".


Patrick Artus (directeur recherche éco Natixis) et Jean-Christophe Caffet (économiste France) continuent de plus belle, en affirmant que "Personne ne conteste qu'il soit nécessaire en France de [...]", puis en exposant les efforts nécessaires pour assurer la montée en gamme des produits français et régler les problèmes de compétitivité de la France.


La France est pénalisée par le niveau trop "moyen/bas de gamme" de sa production, qui fait que les produits frenchys sont davantage concurrencés par les produits des pays en voie de développement, et que le faible taux de marge dégagé par les entreprises françaises limite l'investissement (investissement qui permettrait justement d'assurer une montée en gamme). 

Pour reprendre une étude de Natixis (bon ok j'ai travaillé un peu en Recherche Eco' chez eux, ceci expliquant cela), le niveau de gamme de la production d'un pays peut-être évalué en étudiant l'élasticité-prix des exportations en volume. En gros, de combien diminuent les exportations lorsque les prix augmentent de 1%. On voit bien sur le tableau ci-dessous que les produits français ont une élasticité prix très forte (en valeur absolue), ce qui empêche les entreprises exportatrices françaises de faire passer la hausse des coûts de production dans les prix (sous peine de perdre pas mal de commandes). Ceci diminue encore plus le taux de marge et donc l'investissement et on se retrouve donc dans un cercle vicieux, dont on ne voit pas vraiment la fin.



Mais si tout est si simple et si les politiques sont connues, pourquoi ne sont-elles pas mises en place? Trois options possibles pour répondre à cette question (1) les hommes politiques ne comprennent rien à la situation actuelle et agissent uniquement dans un but électoral, (2) ces réformes n'apporteront leurs fruits qu'à moyen/long terme, et la vision française est trop "court-termiste" surtout en période de crise, ou (3) les réformes à mettre en place ne sont pas forcément si "évidentes" que semble le faire croire le Flash Eco Natixis.

Sur les deux premiers points, ce n'est pas une nouveauté de dire que la France n'est pas LE pays de la réforme ni LE pays du pragmatisme économique. En ce qui concerne "l'évidence" des réformes à mettre en place, les solutions proposées reviennent à appliquer à la France ce qui a fait le succès de l'Allemagne, en semblant occulter les nombreuses différences entre français et allemand (= le fait que les français soient des chieurs). Ayant été formaté depuis mon plus jeune âge économique, je suis plutôt d'accord avec les propositions faites par la recherche éco de Natixis... Mais je n'irais pas jusqu'à affirmer mordicus que la seule solution pour retrouver croissance et emploi en France est de suivre à la lettre le modèle allemand. 

Faut-il être économiste pour être un bon homme d’État ?

J’aimerai avant toute chose rappeler quelques faits qui me tiennent à cœur. Un politicien est élu, en théorie, dans un pays démocratique, pour les idées qu’il défend. Son travail n’est pas de convaincre, mais de proposer ses idées. Qu’en est-il aujourd’hui ? En France, le politicien se bat plus pour l’image qu’il véhicule et non véritablement pour les idées qu’il veut avancer. Les électeurs ne choisissent pas toujours parmi les candidats, le meilleur gestionnaire/ politicien mais celui qui renvoie le plus l’image d’être le meilleur.


De plus, avec les élections qui arrivent, nous assistons à une véritable bataille sur la perception médiatique plutôt que sur les faits réels.

En d’autres termes à qui dira la plus grosse connerie susceptible de rallier à sa cause l’opinion publique. Je vous invite à lire, pour appuyer cette idée, le billet de Captain éco, sur l’idée « brillante » mais inutile de Hollande. Ou encore de vous renseigner sur la nouvelle politique industrielle de Sarkozy, fonder une économie sans usine…

Nous avons raillé les Américains qui votaient pour Ronald Reagan et Arnold Schwarzenegger. Nous nous sommes moqués des Italiens qui s’en remettaient à Silvio Berlusconi pour diriger leur pays. Il est temps d’admettre que nous ne sommes pas à l’abri d’une telle dérive. Et ce serait une vision plutôt optimiste au final, étant donné les débats auxquels nous assistons.





Revenons au sujet de ce billet, l’économie et la politique, deux pôles qui n’étaient pas amenés à se rencontrer, et pourtant, un véritable engouement pour l’homme politique « hybride » est né de cette conjoncture de crise. Une fusion de compétences qui rassure et laisse penser à une solution de sortie de crise.


Que nous dit l’histoire ?

Ce rappel historique que je fais souvent dans mes articles aura deux vocations, la première, rappeler que Monti et Papademos ne sont pas les seuls à la tête d’un gouvernement ayant suivis un cursus en sciences économiques, la seconde établir un lien entre les différents exemples.



  •              Anne Robert Jacques Turgot (1727-1781) est appelé au pouvoir par Louis XVI, dans une France tourmentée à la suite du règne calamiteux de louis XV. Son ambition est d’assurer le financement de l’État en remplaçant privilèges et impôts par la liberté économique, source de création de richesse au profit de tous. L’impopularité de ses mesures, tant dans le peuple qu’auprès classes privilégiées, fragilise sa position. Il démissionne en 1776 et consacre la fin de sa vie à des travaux d’économie, de littérature et de physique.


  •       Les Chicago Boys (1973), surnom donné à un groupe d’économistes diplômés de l’université de Chicago. Appelés au gouvernement par Pinochet pour redresser les finances du pays. Leur programme a largement  participé à l’accentuation des inégalités au Chili, notamment entraîné un taux de chômage important (5% en 1978 contre 8% en 1990). La surévaluation artificielle du pesos Chilien participe largement à l’augmentation de la dette (multiplication par 3).



Ce sont deux exemples piochés dans l’histoire, je vous l’accorde d’autres sont peut-être plus parlant, mais ceux-ci me plaisaient beaucoup. On peut très bien voir que dans ces cas, et plus généralement, que lorsqu’un économiste est appelé à la tête d’un pays, c'est qu'il y a crise (au sens large, crise économique, dictature...), et les résultats de ces nominations ne sont pas toujours ceux escomptés.
Un économiste n'est pas là pour arrondir les angles. Il a une solution, il la met en œuvre, à la différence de la politique dont l'essence de sa fonction est de résoudre les conflits.
Une étude de Merrill Lynch montre ainsi que dans l'Italie des années 1990, «les gouvernements technocratiques étaient aussi instables (au sens de courts dans le temps) que les gouvernements politiques».
Au final, les résultats d’une telle politique sont mitigés et loin d’être bénéfiques dans tous les cas.


Alors quel est le but ?

Un économiste qui prend les rennes d’un État en période de crise rassure. Il apaise les marchés et les investisseurs. Tout le monde le sait ses décisions seront prises dans l’intérêt du pays sur le plan économique et financier. C’est parfois une manière de faire voter quelques réformes qui seront mieux perçues par les instances sociales puisque mises en place par un expert. On fera plus confiance à un médecin (cf Milgram). Mais ce n’est pas toujours le cas, l’économiste doit alors se transformer en politicien et faire face à des mouvements sociaux virulents (Grèce).




Le cas Draghi, Monti et Papademos

Tout le monde le dit, Draghi, Monti et Papademos ont été nommés pour rassurer les marchés européens. Ils sont d’anciens financiers et connaissent très bien le problème qui frappe l’Europe.

·    

  •       « A la tête de la Banque centrale européenne (BCE), cent jours ont suffi à Mario Draghi pour maîtriser l'art de la ruse afin, tout à la fois, de soutenir une zone euro à la dérive, aider une Grèce aux abois et soulager les banques, sans braver les interdits. » déclare Le Monde.




  •   « l'économiste Mario Monti semble en passe de prendre la tête d'un gouvernement élargi en Italie pour, tirant un trait sur l'ère Berlusconi, rassurer les marchés et les partenaires européens de la troisième puissance économique de la zone euro » déclare L’express à propos de Mario Monti.




  •        On peut lire sur Challenge à propos de Papademos « La présidence grecque espère ainsi rassurer les marchés, alors que le pays, qui nage en plein marasme économique, s'enferrait depuis plusieurs jours dans l'impasse politique »

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Les mauvaises langues diront que cette parfaite connaissance de la situation leur vient de Goldman Sachs, je dirai plutôt que tous les trois sont liés par leurs travaux effectués au sein des institutions européennes dans le passé. Véritables "eurocrates", ils illustrent parfaitement la notion de gouvernement et politiques "hybrides". 



La conjoncture actuelle pousse les politiques à déléguer le pouvoir à un économiste plus pertinent face à cette situation. Ne nous abandonnons à penser que la Chine avec son gouvernement « dictature » est une bonne solution pour faire face à une telle crise. Sur le long terme, les problèmes feront très vite surface, frein à la créativité et manque crucial de libertés. Le monde d’aujourd’hui repose sur ces deux fondamentaux et la démocratie est encore le système qui le garantit le plus.
La collaboration aussi étroite qu’elle puisse être reste une des meilleures solutions pour faire face à cette tempête qui dévaste l’Eurozone. Si ces gouvernements « hybrides » font leurs preuves, il apparaît clairement que des personnages comme Christine Lagarde, forte de son expérience au FMI (5 ans) et au gouvernement français en tant que ministre de l’économie, soient présidentiables.


Je vous invite par ailleurs à jeter un coup d'oeil sur l'excellent article à ce sujet, (ce n'est en aucun cas une forme d'adoration) de Captain éco sur son site: Ici

Restructuration de la dette : Kesako ?

Si vous avez vécu durant les 8 derniers mois dans un igloo on vous en voudra pas de ne pas être informé, la Grece a quelques soucis de sur-endettement. Pour information la belle helène (bonne poire), ne peut plus payer ses traites.

Le problème c'est qu'on nous bassine tellement avec cette histoire que si vous prenez le train en marche il y a de fortes chances que vous n'osiez plus demander des éclaircissement de peur de passer pour un Inuit Sociopathe (rapport a l'igloo tout ça...). Le cours de rattrapage débute, on se concentre une seconde si on veut briller en communauté (surtout en réunion plénière CGT, lors d'un débat au MEDEF ou plus simplement si tu es candidat à la présidentielle).


Donc on va simplifier. Je suis une entreprise (grosse de préférence), cette société comme toute société appartient à .... ses actionnaires (au pro-rata des actions détenues par chacun).

Mon entreprise se finance donc avec des actionnaires qui ont mis de l'argent dans la société en échange d'actions (part de propriété qui distribue une rémunération sous forme de dividendes tous les ans) mais également de dettes contractées auprès de banques. Le banquier lui va demander un taux faible comparé au taux de dividende constaté sur le marché, en revanche il veut être payé de façon certaine, et il n'exige aucun droit de vote pour diriger l'entreprise, il prête et veut juste voir son capital et ses intérêts remboursés. Il n'aime pas spécialement que la société se mette à prendre des risques inconsidérés.

On rappelle, le vrai patron c'est l'actionnaire. C'est lui qui prendra les premiers bénéfices (dividende) car il prend les premières pertes (donc le risque le plus important).

Effectivement en cas de faillite de la société, les actionnaires seront remboursés après tout le monde (après vente des actifs de ce qui reste dans la société).

Maintenant envisageons la situation de façon dynamique. La société ne va pas très bien, elle vend de moins en moins de produits. Elle a de plus en plus de mal a payer ses mensualités. Dés lors on se rapproche de plus en plus de la situation de faillite (sans l'atteindre encore). Donc petit à petit l'actionnaire perd de son pouvoir au profit du banquier (car on le rappelle ce dernier, en cas de faillite, sera remboursé en premier après démembrement de la société-oui on démembre une société organe par organe).

Avant d'arriver à la situation de faillite, en général, on se trouve dans une situation de négociation entre les banquiers et la société. D'un coté les banques veulent minimiser leurs pertes, de l'autre la société veut maximiser le support des banquier pour continuer a exister.

On a donc une situation de "steering committee" ou négociation de restructuration de la dette. En général les banques veulent trouver un compromis et vont donc proposer d'abandonner un pourcentage de ses créances contre :

  • d'autres créances de plus longues échéances (par ex on transforme une dette 1 an en dette 30 ans, ça laisse 29 ans a la société pour se redresser
  • des actions (qui au moment de la restructuration ne valent rien) ça s'appelle un debt to equity swap
  • rien, c'est un abandon de créance, j'abandonne X% de ma dette.
En général c'est un mix des 3 solutions, mais à l'issue du process on est toujours capable de calculer un "haircut" c'est a dire un % de perte comparé a la créance initiale.

C'est tout l'enjeu du moment dans la restructuration de la dette grecque avec la BCE (le plus gros banquier de la Grece et le consortium de banques) vs l'Etat Grec qui bataillent sur le pourcentage de haircut.

La négo initiale parlait de 50% d'abandon de créance, puis nous en sommes arrivé à 90% juste avant le premier plan de sauvetage.

Une excellente méthode pour suivre en temps réel l'évaluation du haircut anticipé par le marché c'est de regarder le prix de la dette Grec (graphe ci-dessous). En ce moment, elle vaut 20% à 25% de sa valeur initiale cad 75 à 80% de pertes anticipée.

Petite astuce de banquier, le meilleur indicateur, dans ce type de négociation auxquels j'ai déjà participé, pour sentir qu'on a touché un plancher bas dans les pertes qui vont être acceptées par les deux parties c'est lorsque Goldman Sachs se met a racheter comme un veau toute la dette à prix cassée... Ce sont comme les vautours, on est sur que la fin est proche lorsqu'ils rodent.

Margin Call: le film

Invité par ARP Selection et pour www.margincall.fr, je suis allé à une projection en avant-première du film éponyme "Margin Call" dont la sortie française est prévue le 25 avril prochain. Au cas où vous en doutiez encore, j'ai plus d'une corde à mon arc, puisque je m'improvise aussi critique de cinéma. 

Posons le décor. Margin Call relate l'histoire des employés d'une banque de Wall Street qui resssemble étrangement à Lehman Brothers de par son PDG au nom très proche de l'authentique (Tuld dans le film, Fuld irl) et son leverage, et ce durant les 24 heures qui précèdent le "big one", la grande crise dont beaucoup de banques ne se relèveront pas. Il s'agit de tout faire pour éviter de faire faillite alors que le krach est imminent. Parmi les employés, on retrouve l'excellent Kevin Spacey (dans un rôle qui lui sied à merveille) ainsi que Demi Moore (chef du risk management). 



Mes impressions?

Ce qui m'a immédiatement sauté aux yeux -et ce que j'ai trouvé plaisant- c'est le réalisme du film. Tout n'est peut-être pas parfait, mais nous sommes très loin de la simplification excessive de Wall Street: Money Never Sleeps, le très décevant deuxième opus de Wall Street. 

Pas de discours moralisateur à l'extrême non plus, mais plutôt un portrait qui se veut fidèle à la réalité et qui montre que les salaires mirobolants des as de la finance ne sont pas dissociables des épisodes de stress qu'ils doivent traverser. Il faut dire que le réalisme du film n'est pas dû au hasard, le réalisateur (J.C. Chandor) a été conseillé par son père qui a passé 40 ans chez Merrill Lynch, pour une fois qu'un réalisateur ne fait pas passer tous les financiers pour de simples êtres diaboliques! Le trader a des sentiments très divers, oui oui. Peut-être pas pendant les heures de négociation mais à la nuit tombée si. 

J'ai été quelque peu surpris que la majeure partie du film se déroule dans le même lieu. Cela est parfaitement cohérent avec l'histoire, après tout le film ne retrace que 24 heures de la vie de quelques financiers! Ce choix (ou cette contrainte économique) contribue en tout cas à installer une atmosphère pesante, la crise point le bout de son nez et la peur est là.




Mes reproches?

Le film manque de "testostérone" (je me comprends) lors de certains passages, j'aurais apprécié que le réalisateur s'arrête un peu plus sur les dernières heures.  Le pdg de la banque d'investissement me semble ainsi bien trop gentil et bien trop mal habillé pour son rang. Mais je préfère un film indépendant sans boutons de manchettes (ou si peu) à une grosse production hollywoodienne où le plus passionnant est la garde-robe des acteurs (cf... Wall Street 2).

La traduction française commet l'erreur d'avoir traduit trillion par millard (sans doute à une seule occasion mais quand même). Grave erreur, pas importante pour tout bilingue qui se respecte mais ennuyeux pour les personnes pointilleuses. Bref, cela m'a agacé pendant une bonne minute. 



En résumé: 

Prenez bien note que ce n'est que mon avis (risk disclosure oblige): Margin Call est un bon film qui aborde l'univers de la finance d'une bien belle manière, il est doté d'un bon casting et d'une bon scénario. Il reste néanmoins à des années-lumière de Wall Street (le premier, le vrai) mais il serait injuste de le comparer à ce chef d'oeuvre. Il s'agit à mon avis de la meilleure approche de la finance par le monde du cinéma depuis 1987.
A noter qu'il s'agit d'un premier film, à budget relativement limité, un excellent début donc pour le réalisateur J.C. Chandor !


Memorable Quotes:
- "Be First, Be Smarter or Cheat"
- "You are panicking".  "If you are the first out the door, that's not called panicking"

La guerre du coton Chine vs Inde

Scripte chronique BFM Business 8 mars 2012


Il y a une grosse polémique en Inde autour du coton : vous qui êtes sur place, que se passe t il ?




Et bien on pourrait se dire que c'est un tremblement de terre qui vient d'arriver dans le petit milieu douillet des cotonniers car avant hier l'Inde (2eme exportateur mondial) a décidé de suspendre ses exportations de coton avec effet immédiat mais également fait plus étonnant d'un point de vue pratique commerciales mondiales, ne pas honorer ses engagements sur les contrats qui ont déjà été passé. C'est a dire tout simplement stopper net ses exportations quitte a se froisser avec l'organisation mondiale du commerce.




Demain le gouvernement se re-réuni pour confirmer ou infirmer cette mesure après le tollé international que cela a créé, mais peu de chance qu'ils reviennent sur leur décision.


Pourquoi l'Inde suspend-elle d'un seul coup ses exportations de coton ? Quel est son intérêt ?


Quand on regarde qui sont les grands acteurs a travers le monde on comprend mieux. Pour information, l'unité de mesure dans ce milieu est la balle de coton, à ne pas confondre avec la petite fleur de coton, car une balle de coton aggloméré pèse 220kg (on fait 215 jeans avec une balle de coton)


Tout d'abord qui sont les plus gros producteurs :

1/ Chine qui produit 33 millions de bales soit 30% de la production mondiale !

2/ l'Inde 27 millions qui représente 22%

ce sont les 2 plus gros producteurs a travers le monde ensuite viennent les

3/ US 15 millions



Une fois que ce coton est produit il faut regarder combien chaque pays consomme afin de savoir qui peut exporter.


Pour la petite histoire, Les indiens ont l'habitude de dire de manière assez méprisante, les fabricants de T SHirts ce sont les chinois, nous en Inde on fait de l'informatique...


Et effectivement les plus gros consommateur de coton au monde ce sont les Chinois !


Les principaux consommateurs ce sont :


1/ La chine qui consomme 44 millions de bales (le manufacturier textile de la planète avec 46% du coton mondial qui se concentre en chine)

2/l'Inde 20

3/Pakistan 10



Si on résume on se rend compte de quoi ? que la chine consomme plus qu'elle ne produit et doit importer énormément de coton.

La Chine est le premier importateur mondial de coton et distance tout le monde de loin. le second étant la turquie important 8x moins


Mais du coup la Chine semble être déficitaire en coton. Sur ce marché, la Chine dépend de l'Inde, clairement?

Elle dépend en partie de la Chine
en 1/ aux US qui exporte 11
en 2/ en Inde 6

Et le prix du coton revient de loin car au second semestre de l'année 2010 son prix a littéralement explosé en étant multiplié par 3 à cause d'inondations qui ont détruit de nombreuses récoltes. Depuis le cours est revenu a un niveau d'avant bulle.

En tout cas on rappelle que l'Inde vient de suspendre ses exportations de coton. Je reviens à ma première question Eric : pourquoi veut-elle d'un seul coup priver le monde de son coton ?

Les indiens ont expliqué leur arrêt des exportations en disant qu'ils devaient maîtriser leur balance commerciale et ne pas se retrouver en situation de devoir acheter du coton pour leur propre consommation alors qu'ils en produisent énormément. Mais lorsqu'on regarde les chiffres on constate que le risque n'est ni réel ni immédiat. Et c'est surtout pour embêter les chinois qui vont devoir trouver d'autres fournisseurs a travers le monde, et comme l'Inde stoppe ses exportation normalement le prix devrait théoriquement augmenter obligeant ainsi la chine a acheter encore plus cher cette matière première et donc potentiellement avoir un effet négatif sur l'inflation de leur rival de toujours.


On est en train de vivre une véritable partie d'échec a l'échelle planétaire entre 2 titans qui se déteste commercialement : la Chine et l'Inde.



PS : Si tu veux soutenir la volatilité des prix du coton, passe acheter un T-Shirt Margin Call "de trés bon gout" ICI

La Vérité sur la "Taxe Hollande" à 75%

Dans ce billet, je veux aborder les conséquences d'une mise en place de la Taxe de Monsieur Hollande ( aussi appellé TAXMAN ) qui imposerait à 75% vos gains à partir du Million d'euros de salaire annuel. C'est à dire que jusqu’à 1 million, vous êtes taxés "normalement", mais au dessus, vous êtes taxés à 75%.. Cependant, pour toutes les modalités et caractéristiques de cette proposition de loi, je vous invite à lire l'excellent billet de CaptainEconomics.

La vérité sur cette Taxe, la voici : 

1)  Monsieur Hollande, par cette mesure (qui, bien entendu, fait polémique), a pour intention sous prétexte que cela ne touche que très peu de personnes ( environ 3000 ), de vouloir gratter des voix dans le monde niais Français. En effet, l'ennemi est la Finance, vu que les Financiers sont les gros méchants, des pourritures, et que Monsieur Hollande (comme les autres politiques), ne se sent pas responsable de cette crise (oui, c'est plus facile de rejeter la faute sur un milieu que peu de personnes connaissent, et qui n'a pas la cote en ce moment ! ). Ça mange pas de pain, c'est facile, et petit.

2) C'est un non-sens économique : 200 Millions d'euros pourraient être rapportés grâce à cette mesure, SANS prendre en compte que les personnes concernées pourraient s'exiler, ou s'arranger (en changeant de foyer fiscal, par exemple, ou via des paradis fiscaux divers et variés. Parce que oui, quand on gagne beaucoup, on a des relations pour payer le moins d’impôts possible). Donc, ce sera déjà moins que le chiffre annoncé... Ensuite, SI une des personnes concernée s'exile, elle ne paiera donc plus son impôt sur le revenu, sa taxe foncière, son impôt sur la Fortune, et j'en passe sûrement.. Avec plusieurs exilés, la France, avec cette mesure, serait donc déficitaire..




3) Le manque à gagner pour les sociétés innovantes : En effet, grâce a une niche fiscale, la plupart de votre ISF peut-etre reversé dans des sociétés, des entreprises, ce qui crée de l'emploi ! Et si nos millionnaires partent, il n'y aura plus de création d'emploi et de richesse.. Un petit chiffre, il y a 10 fois moins de personnes qui utilisent cette mesure qu'en Angleterre. Ça fait réfléchir ! Et donc si ces gens partent, des emplois seront menacés (se comptent en dizaines de milliers).


4) Cette mesure a déjà existé à l’époque de Roosevelt... mais c’était il y a 50 ans Mr Hollande... Le monde a changé. Mais maintenant, il faut savoir qu'un entrepreneur ne met qu'une heure pour faire Paris-Brussels ou environ 2H (je pense) pour faire Paris-Geneva.


Autant vous dire que cette mesure ne me réjouit guère, même si, je vous rassure, je ne touche pas cette somme, comme tout les redacteurs de ce site il me semble. (sauf Gordon (ou pas) , mais on s'en fout, il est a Singap'. Bisous Gekko ! ) Je vous invite également à consulter cet article (une personne qui gagne 1,2 million est moins imposé en France après taxe Hollande qu'en Belgique actuellement ).
Si vous voulez nous aider à payer cette Taxe, et que vous voulez par ce biais refinancer l'Etat, vous pouvez toujours aller acheter nos Goodies.







PSI : J-2 avant le verdict final !

La deadline se rapproche les amis, les créanciers privés d'Athènes ont jusqu'à jeudi (20:00 GMT) pour répondre à l'offre d'effacement de dette grecque, le fameux PSI (Private Sector Involvement). Pour l'instant, seulement 14% des détenteurs de titres grecs ont décidé de participer à l'effacement.  Alors que certains acteurs commençaient déjà à se réjouir en pensant que la crise était "terminée", les marchés se sont montrés sceptiques quant à l'efficacité de ce plan. En effet, le CAC vient de perdre -3,5% sur la journée !!!

Quels sont donc les dangers du PSI ??  

Le schéma ci dessous publié par BNP Paribas nous montre les différents scénarios possibles en fonction du taux de participation, et ça n'annonce rien de bon. 


1) Le scénario idéal (5% de chances): 

L'idéal pour Athènes serait que le taux de participation excède 95% afin d'effacer une grosse partie de la dette sans pour autant activer les Clauses d'Action Collectives (CAC). En effet, ce sont ces CAC qui posent problème car s'ils sont activés alors Athènes pourra obliger tout ses créanciers à subir une perte sur la dette grecque qu'ils détiennent. Vous l'avez compris on ne parle donc plus de participation volontaire, ce qui implique bien entendu un défaut de la Grèce. Et qui dit défaut dit ?? CDS !!! Et oui, si ces CAC sont activés l'ISDA se verra dans l'obligation de déclencher les CDS. Sachant qu'il y'en a environ pour 3,2 Milliards de CDS ! 

2) Le scénario le plus probable (85% de chances): 

Ce scénario prévoit une participation moyenne comprise entre 67% et 95%. Il faut qu'Athènes recueille un minimum de 66% de participation afin de pouvoir activer les CAC. Comme vous pouvez le voir sur le schéma, dans cette configuration il y a 98% de probabilités pour que les CAC soient activés ce qui entrainera donc le déclenchement des CDS. 

3) Le scénario catastrophe (10% de chances): 

Un scénario peu probable mais qui reste envisageable: la Grèce ne parvient pas à  attirer plus de 66% de détenteurs de dette grecque. Et là c'est le drame !! Athènes se verrait dans l'obligation d'abandonner l'idée du PSI et de faire face à un défaut désordonné.  

Affaire à suivre ....